Il y a un an, les éditions Wombat, créées pour faire découvrir en France l’humour anglo-saxon (le nom vient d’un livre de l’écrivain américain Will Cuppy, Comment attirer le wombat) mais qui se sont dotées aussi d’une collection japonaise intitulée « Iwazaru », nous avaient fait découvrir les aventures du Dr Ichirô Irabu, le psy le plus loufoque de Tokyo (Les Remèdes du Dr Ibaru). Régnant sur le sous-sol d’une clinique privée dirigée par son père, ce gros poupon de 40 ans circule en Porsche jaune, adore les piqûres (il commence toujours par infliger à ses malades une petite piqûre, quitte à les prendre par surprise) et possède une méthode thérapeutique peu conventionnelle, à tel point qu’on se demande s’il est génial ou complètement idiot. Ses histoires, des nouvelles d’une vingtaine de pages, ont fait fureur au Japon, où les recueils se sont vendus à près de 3 millions d’exemplaires avant d’être adaptés en série TV et en anime.

Voici donc une deuxième fournée, traduite cette fois par Jacques Lalloz. Ici, un trapéziste ne cesse de s’écraser lamentablement dans le filet, et se persuade que son partenaire sabote ses tours. Là, une romancière à l’eau de rose flippe parce qu’elle a l’impression d’avoir déjà utilisé ses personnages et intrigues dans de précédents romans. Ailleurs, un yakuza, lieutenant du clan Kioi, se met à avoir une peur bleue de tous les objets pointus, handicap gênant pour les combats à l’arme blanche. Etc. A chaque fois, la pathologie compte moins que les moyens hors du commun du Dr Irabu pour les guérir, ce dernier n’hésitant jamais à se foutre de ses patients et à profiter de leur faiblesse pour se faire plaisir et occuper le devant de la scène ; ainsi s’entête-t-il par exemple à vouloir publier lui aussi son roman, ou à se produire en public sur un trapèze à cinq mètres du sol, en dépit de ses 100 kilos bien tassés. C’est farfelu, débonnaire et franchement marrant, avec une pointe de sadisme flegmatique qui n’est pas pour déplaire. Et, en prime, une couverture dessinée par Romain Slocombe. Banzaï.