Parmi les phrases que l’on entend le plus aujourd’hui, il y a celle de Malraux : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ». L’essor actuel du bouddhisme participerait de ce besoin d’élévation dans un monde d’intérêts matériels. Dans son Traité de bouddhisme à l’usage du bourgeois d’Occident, Testsuo-Marcel Kato -un pseudonyme qui révèle l’inattendu catholicisme de l’auteur- fustige l’engouement de ses contemporains pour le bouddhisme zen : « La métaphysique du rien ne doit pas être un auxiliaire du vide et de la bonne conscience », nous a-t-il expliqué en guise de commentaire. Fort heureusement, le ton du livre est nettement moins sérieux, il ne relève pas tant du pamphlet que de la satire. L’écriture épouse même la poétique des contes zen, mais avec des décrochages de sens qui nous rappellent que nous sommes peu de choses pour avoir l’orgueil de prétendre nous fondre avec le Grand Tout. Ainsi, entre une « élévation sur le cœur d’un wécé » ou un « recueillement sur un attaché-case », on découvre la sagesse d’un certain Héraclitoris (« Les opposés se touchent, et moi aussi. »), ou bien des préceptes plus déconcertants : « Répare toujours tes fautes, qu’elles puissent fonctionner à nouveau. »
Paru aux Editions du Parc, dans une petite collection grise à 20 F aux titres tout aussi décapants (comme ce Mort parce que bête, qui reprend avec une plausibilité troublante les notes de folie de Nietzsche, ou bien ces Droits du cochon, calqués sur la déclaration des Droits de l’Homme), ce traité de bouddhisme particulier, parfois scatologique, n’est au final pas si éloigné de la tradition du Grand Véhicule, qui ne répugne pas à l’humour, et se défie de l’esprit de sérieux.