Stéphane Zagdanski est un auteur sous influences. En bon disciple de Philippe Sollers, il sait s’approprier le meilleur de ses aînés, ceux du genre « grandiose ». Ceux-ci ont pour nom Mallarmé, Faulkner, Proust, Céline… Soit ! On a vu pire comme références. Ici, une première constatation s’impose : Stéphane Zagdanski n’arrive pas à retenir le lecteur. Trop de « science » dans ce texte en obstrue la lisibilité. Il va de soi qu’il n’y a aucune vraisemblance dans ce Miroir amer. A la limite, qu’importe. Du reste, l’auteur s’en explique à la fin de son livre : « Un lecteur attentif remarquera peut-être… » Au cas où on ne l’ait justement pas remarqué. Et là, une deuxième constatation s’impose, rejoignant la première : je ne sais vraiment pas qui pourra atteindre cette page, car tout ce qui précède oscille entre le nébuleux et le compliqué. Exemple : « Sa paresse tâcha de ravauder les lambeaux du rêve lointain que l’allégresse matinale de son fils venait de disperser en le brisant comme une ampoule de verre pâle. » Et tout à l’avenant. Le Zag fait son Zig, et se perd. La littérature procède selon lui d’une savante élaboration. Surcharge de mots, de digressions, qui forcément nuisent à la compréhension du récit. Ne nous méprenons pas : ce n’est pas un texte qui résiste, mais qui sème la confusion dans l’esprit. Pourtant, sa composition en « boucle brisée » ne manquait pas d’attrait. De même, sa lecture mordante d’une modernité qui ne se soucie plus de la différence naturelle des sexes n’était pas pour nous déplaire. Dommage que ce « roman » ne commence qu’à la page cent vingt et une. Monsieur Balcan entre alors en scène, et tout s’éclaire. Sauf qu’il est déjà bien tard. Il ne nous reste que vingt-cinq pages à lire.