A défaut d’être « une sorte d’encyclopédie populaire internationale », cette petite collection (seulement par la taille de son format) a le mérite de rompre avec la monotonie des publications soi-disant « en marge » ou « décalées », et qui ne font, en définitive, que servir les importants. A cela, une raison simple : ils en sont les commanditaires. Ces gens-là n’intéressent plus personne. Et la comédie misérabiliste qu’ils (se) jouent en permanence encore moins.

C’est sur de solides bases documentaires que Serge Halimi a pu écrire son libelle. De ces courtisans, il dresse, à l’égal d’un Chamfort, dont on ne se lasse pas de relire les maximes (exemple : « Les courtisans sont des pauvres enrichis dans la mendicité. »), un portrait peu flatteur. Ces esclaves, pas toujours conscients de l’être, monopolisent les médias, c’est-à-dire l’ordre du factice. On ne saurait leur en vouloir. L’amour-propre est si naturel à l’homme. Vauvenargues s’est exprimé clairement sur la question : « Les hommes sont si sensibles à la flatterie que lors même qu’ils pensent que c’est flatterie, ils ne laissent pas d’en être les dupes. »

Ces médiocres seraient très utiles s’ils savaient se tenir dans l’ombre. Mais par l’effet d’un malheureux hasard, ils apparaissent au grand jour. Serge Halimi, qui possède suffisamment d’esprit pour soutenir son personnage de railleur et autant de bon sens pour l’entreprendre, ne pouvait les rater. Qu’il en soit remercié.