Homère, Hésiode, Pindare, Ovide, Apulée… C’est chez ces grands poètes que la mythologie naquit. Les histoires qu’ils contèrent (de la descente aux enfers de Thésée au défi d’Icare) sont le fondement même de notre culture. De cette « lumière de la nuit », fugace, toujours prête à se dérober, et dont nous entretient avec l’aisance de l’érudit, sans jamais lasser, Pietro Citati, il faut retenir toute la richesse des significations. Un art de la fable et de la métaphore conjuguées. Un « spectacle illusoire » dévoilé ici dans toute sa dimension. Qui est aussi et surtout celle du secret. Sans cela, aucun texte ne serait si amplement commenté, sujet à différentes interprétations. Le lecteur suit l’agilité de l’auteur pour donner les justes perspectives sur ces métamorphoses. Elles emplissent ces cinq cents pages qui se lisent comme un roman, en une nuit. Hérodote entame la danse. Elle se conclut avec Léopardi. Entre-temps, les civilisations défilent sous nos yeux. Le réel et le fantastique s’y côtoyaient. L’imagination était débridée. La raison se manifestait avec plus de discrétion qu’aujourd’hui. On pouvait encore donner de la réalité à des contes de fées.

Hérodote ne s’y trompait pas : « Dans les temps anciens, la race hellénique se distinguait des Barbares par un esprit plus prompt et plus dégagé de toute absurdité ». Nous vivons des temps bien étranges. Les barbares sont dans la place. Et nul ne songe à les en déloger.