Cela s’apparente à un tour de force. Plus de deux mille pages pour présenter les multiples aspects de l’activité théâtrale, dont le charme essentiel semble aujourd’hui lié à la brièveté des pièces jouées. C’est donc un grand soulagement de découvrir un homme, Michel Corvin (mais aussi ses collaborateurs), passionné par le drame. Car de plus en plus nous nous attendons à voir des spectacles de qualité (ils ne seront jamais pires qu’en ce moment, se dit-on). Comme cela n’advient pas (nous voyons trop de grimaces, trop de grandiloquence), nous retournons à ce dictionnaire. Au moins, la déception ne risque pas d’advenir. Car ici, on se balade (c’est tout l’inverse d’un musée) librement de page en page, établissant soi-même, quand l’auteur ne nous y convie pas, des correspondances entre les lieux, les hommes – et femmes – qui font le théâtre. Bref, notre curiosité s’aiguise à chaque instant, car la grande vertu de cet ouvrage est qu’à aucun moment il ne lasse. Et s’il est marqué dictionnaire sur la couverture, ce serait plutôt d’une histoire (une lecture transversale permet de la reconstituer) qu’il s’agit. Et ce, même si l’humeur y est parfois étrangement absente – mais il est vrai que le silence fait sur certains noms tue plus sûrement. Répertoriés en nombre non négligeable, les acteurs (voir interview de l’auteur dans le magazine) ont les faveurs du maître-d’œuvre. Il serait souhaitable qu’ils s’y plongent sans tarder, afin de parfaire leur art. Ils pourraient ainsi y combler quelques lacunes. Et parce que la vie est bonne fille avec eux, que mieux s’en porter. Michel Corvin se soucie encore d’eux. Ce n’est pas rien.