Du joli foutoir que constitua Mai 68, de nombreux témoignages -écriture et réécriture d’une histoire qui fait couler beaucoup d’encre, trop sans doute- nous sont parvenus. Du dénigrement à la célébration, on ne compte plus les ouvrages sur la question. Aussi, la parution de ces Chroniques de Mai 68 nous apparaît riche d’enseignements. Ouvrage décalé par rapport à la tendance générale (commémorative), écrit par une Canadienne de langue anglaise habitant Paris au moment des événements, ce bréviaire corrosif ne s’en tient qu’aux faits. La méthode, dans la plus pure tradition anglo-saxonne, a fait ses preuves. Car ces notes prises au jour le jour se proposent de restituer le plus fidèlement possible la parole de personnes ayant peu ou prou participé à l’agitation de Mai. Ainsi se bousculent, par le biais d’un style sans fioritures, les peurs, les humeurs et les informations qui, au cœur de l’histoire, furent le quotidien de Français redevenus, le temps d’un mois, tout à fait déraisonnables.
Où l’on s’apercevra également, à sa lecture, que la manipulation des médias (à l’époque encore l’État) pour contrecarrer un certain nombre d’initiatives ou passer sous silence bon nombre d’informations ne fut pas illusoire.