Ceux qui cherchent un roman court, pas prise de tête mais de qualité, seront comblés par ce petit livre fendard commis par le réalisateur du film Séraphine. A une condition : mieux vaut aimer la viande, car son improbable héros n’est autre qu’un boucher de père en fils, né dans la bidoche et fier de l’être. En pleine guerre 14-18, c’est en Bretagne, loin du front, qu’il se taille une réputation de génie de la chair. Une chair prise au sens large du terme, puisque son art de préparer celle qu’on mange n’a d’égal que son talent à « faire chanter » celle des femmes qui s’offrent à lui. Le rapprochement pourrait sembler vulgaire, mais non : la saveur de ce livre tendre et loufoque est pimentée de passages hilarants. Très vite, le personnage change de cap et sa fuite en avant vire au délire cosmogonique et à la légende familiale. A inscrire sans hésiter au menu de cette rentrée 2010.