Donc, le Nobel. L’an dernier, Modiano. Pour des raisons délirantes (relisez le communiqué de presse de l’époque : Modiano, sacré parce que peintre de la France occupée, en gros, donc romancier des heures sombres, etc.), mais c’était bel et bon malgré tout. En 2015, l’Académie suédoise déjoue de nouveau les prévisions des parieurs anglais, qui, comme tous les ans, avaient misé sur Murakami et Joyce Carol Oates. Lauréate : la Biélorusse Svetlana Alexievitch, dont, cela tombe bien, un beau volume anthologique vient de paraître chez Actes Sud (« Thesaurus »), et dont nous vous conseillons ardemment La Fin de l’homme rouge, que nous avions défendu avec enthousiasme lors de sa parution.

Ça se resserre
À part ça, les listes se suivent, évacuant des compétiteurs malheureux. Bonne nouvelle : Angot n’aura pas le Goncourt. Notre pari ? Boulem Sansal, pour 2084. Ou Mathias Enard, pour Boussole. L’islamisme radical dans un cas, l’Orient dans l’autre, l’actualité chaque fois. Au Renaudot, la liste n’a plus aucun titre en commun avec celle du Goncourt. Nous votons, même si notre voix ne pèse rien, pour Laurent Binet et sa désopilante Septième fonction du langage (Grasset), ou pour Philippe Jaenada et sa Petite femelle (Julliard). Côté essais, tout, mais pitié, pas Jean-Michel Ribes, merci. Charles Dantzig reste en course pour le Médicis, dont la liste étrangère a de l’allure. Sachez, aussi, que le Giono ira à Hédi Kaddour, ou à Charif Majdalani, ou à Laurent Seksik (mmf). Si on ajoute à ça que Pierre Senges a reçu le toujours comique prix de la page 111, vous savez tout.

R.I.P.
Christine Arnothy. (1930-2015). Henning Mankell. (1948-2015). La Quinzaine littéraire ? (1966-…) On ne sait pas trop ce qui s’y passe mais, depuis sa reprise en main par de nouveaux patrons après la mort de Maurice Nadeau, ça a l’air de chauffer. Jean Lacoste, Pierre Pachet et Tiphaine Samoyault, qui tenaient le journal, ont apparemment été écartés, de même que Hugo Pradelle ; ils réagissent dans une tribune que publie Bibliobs. Bon, on compatit, d’abord parce qu’il n’est jamais agréable de savoir un canard dans la panade, ni des confrères en errance, et ensuite parce qu’ici, à Chro, hein, bon, la tourmente, sous ses formes variées, on connaît. (Sachons rire, n’est-ce-pas). Courage, Quinzaine.

Des nouvelles de Bello
Il ne fait rien comme tout le monde, Antoine Bello. Il est libéral. Il a été chef d’entreprise. Et cette année, il reverse tous ses droits d’auteurs à Wikipedia, dont il s’est abondamment servi pour l’écriture de sa trilogie Les Falsificateurs, qu’on a joyeusement défendue à Chro depuis le premier tome. Un type incroyable, décidément.

A paraître
L’étoile polaire, conte philosophique de Michel Onfray, illustré par Mylène Farmer. Non, ce n’est pas une blague. Sortie le 12 novembre, chez Grasset. Vérifiez sur Amazon, si vous ne nous croyez pas. Il raconte souvent n’importe quoi, Onfray (on ne s’est toujours pas remis de son navet sur Sade, tellement c’était idiot), mais rien à faire, depuis que Libé lui fait la chasse, et sachant désormais qu’il publie des livres avec Mylène Farmer, on ne peut pas s’empêcher de le trouver franchement sympathique.

Des conseils, à part ça ?
Naturellement. Le beau tome Péguy, que publie « Bouquins » ces jours-ci. Ou le nouveau volume (le quatrième) de la réédition de la retraduction (ouf) des fictions de Dostoïevski par André Markowicz (Actes Sud), dont on peut lire simultanément Partages, recueil de ses notes parues sur sa page-blog (chez Inculte). De Bertrand Lacarelle, cravanien émérite (cet adjectif est-il possible ?), La Taverne des ratés de l’aventure (Pierre-Guillaume de Roux) ; on en reparle. Chez Wombat, un concentré de gags signé Robert Benchley : L’économie, pour quoi faire ? Bonne question !

À suivre…