Justice nous est présenté comme le second volet de Montana 1948, sans qu’il soit indispensable d’avoir lu le premier, d’autant plus que cette présente publication se passe entre les années 1924 et 1937. Nous sommes toujours dans le même Etat, les yeux rivés sur le clan Hayden, mais cette fois-ci, Watson s’intéresse non seulement au patriarche, Julian, et à ses deux fils Wesley et Frank, mais également à leur entourage. Il insiste sur les problèmes qui vont survenir lorsque Julian et Wesley imposent à leurs jeunes épouses ce mode de vie très particulier qui caractérise le Montana, et plus généralement les petites villes de province perdues dans les vastes espaces. On y découvre la rudesse du climat, le sentiment d’isolement et la nécessité de se faire une place dans une communauté qui ne les accueille pas les bras ouverts.

On ressent nettement le vertige qui prend peu à peu chacun des personnages ; l’héritage pesant des Hayden qui les plombe dans une destinée toute tracée. Cette fatalité n’est du reste pas toujours vécue de manière dramatique, car les personnages sont animés d’un double sentiment d’attirance et de répulsion vis à vis de leurs aïeux. Le monde dans lequel nous plonge Watson est brutal, et les fêlures nombreuses. Julian Hayden, le shérif de la ville, trouve toujours une parade pour laisser une chance à ses administrés les plus dissipés, et Wesley, son fils et successeur, se révèle être un homme de loi implacable -surtout lorsqu’un indien lui résiste-, mais aussi un mari au cœur tendre. La ville de Bentrock, telle une caisse de résonance, est le révélateur de ces passions contradictoires. Certaines scènes se déroulent délibérément, semble-t-il, hors de l’épicentre, comme pour mieux dépeindre la prison dans laquelle certains personnages aiment à s’enfermer.

Sept nouvelles forment donc ce récit. Chacune possède une intensité dramatique et une finalité qui contribuent à construire peu à peu un univers cohérent et attachant tout en présentant des personnages intéressants par leur complexité.