« Personnage aux idées foisonnantes, John Cage pouvait s’intéresser à tout, pourvu que l’invention et la découverte soient au rendez-vous ». De la préface de Christophe Marchand-Kiss (également traducteur de ces poèmes), il convient de souligner la sobriété. Celle-ci se devait être de mise pour présenter cet aventurier des sons (musicien-poète) modernes. Car depuis ses plus jeunes années, John Cage, suivant en cela l’exemple de ses aînés (Arnold Schoenberg et Henry Cowell entre autres), mit au point différentes techniques pour réorganiser le monde. Ces poèmes où percent des intuitions (parfois propos rapportés de ses interlocuteurs, McLuhan, Fuller, Jasper Johns…) remarquables en sont un exemple : « Se procurer des informations utiles est difficile. Bientôt elles seront partout, passant inaperçues. » Ou encore : « Le but d’une activité n’est plus séparé de celui des autres activités. Toutes se fondent dans un seul but qui n’a aucun but. » Et ainsi de suite… Éclats jaillissants d’une pensée livrée à l’immédiateté, inspirée par le Yi-king, livre d’oracles de la période confucéenne et les techniques, à l’époque nouvelles, des ordinateurs. Des procédés qui ne gâchent en rien ses « obsessions mouvantes », mêlant réflexions socio-politiques et esthétiques. Un travail sur la forme où le désir s’exprime à plein, même si l’issue est inconnue. Bref, une œuvre à (re)découvrir immédiatement. Par celui qui notait « expérimentez sans relâche et restez humble ».