Munich, septembre 1972. Sebastian, reporter à la BBC, est chargé par sa chaîne de réaliser des reportages d’ambiance dans le village olympique, pour offrir au spectateur autre chose que la retransmission des épreuves. Il est logé dans un immeuble non loin du parc olympique, dans un appartement qui fait face à celui d’un journaliste américain, Sam. Dès leur première rencontre dans le couloir, Sebastian, quoique hétérosexuel, comprend que sa relation avec Sam sera intime ; au fil des jours, il ne cesse de chercher sa compagnie, même si son nouvel ami hésite entre séduction et froideur. Les deux hommes finissent malgré tout par collaborer pour une interview de Mark Spitz, le champion de natation, qui bat des records cette année-là. C’est alors que, le 5 septembre, on apprend que la délégation israélienne, installée sur Connollystrasse, vient d’être prise en otage par des terroristes…

Jean Mattern s’installe dans la peau de son personnage pour raconter l’affaire au jour le jour, mélangeant l’histoire intime (Sam et Sebastian) et l’histoire collective. Il restitue l’ambiance inquiétante et bizarre de ces heures de 1972, avec l’angoisse en mondovision (au plan sociologique, c’est un exemple inédit de tragédie vécue en direct dans le monde entier), les réactions bizarres du public (les compétitions interrompues, des Munichois se massent devant les grilles du parc olympique dans l’espoir de voir quelque chose) et le fiasco de la tentative de libération des otages sur le tarmac de Fürstenfeldbruck, issu de la mésentente entre les policiers bavarois, ceux de l’Etat fédéral et les services israéliens. Assis sur une documentation solide mais discrète, écrit dans un style sobre, clair et fluide, Septembre est une illustration réussie de la vogue actuelle des textes inspiré d’un événement réel, mixte de roman et de récit, d’imagination et de documentaire.