Fabio Montale est de retour. Inspecteur s’étant volontairement exclu, marginalisé de ses coéquipiers de la police, il mène ses enquêtes avec un sens de l’anticipation exemplaire. A Marseille, ville que l’on ne peut pas comprendre « si l’on est indifférent à sa lumière », il se confronte aux pires menaces pesant sur lui, sur les siens, ses amis. Ici se joue la tragédie d’un homme rattrapé par son passé, celui d’une femme aimée -Sonia- et perdue, assassinée par la Mafia dans des conditions atroces. Car c’est d’une réalité scabreuse qu’a choisi de nous entretenir Jean-Claude Izzo pour son troisième roman noir, très noir (après Total Khéops et Chourmo). Celle d’un nouvel ordre mondial où les puissances mortifères, les nouveaux barbares de l’ère post-moderne, dominent les peuples. Où le politique, par impuissance, par faiblesse ou compromission, est inextricablement mêlé à ces affaires. En un mot : globalisation du crime organisé.

C’est sous un ciel ensanglanté -un incendie s’est déclaré depuis plusieurs jours sur les hauteurs de la ville- que se dénouera cette intrigue nourrie de belles images, comme si seule la fiction pouvait rendre la complexité du monde. Car avec Solea, Jean-Claude Izzo ne se contente pas d’effleurer la surface du conflit social, de traiter d’une réalité sur-référencée (et de manière manichéenne). Marchand sur des cendres, Fabio Montale, son héros, joue chaque jour ses conditions de survie, poursuivant son errance et rencontrant fréquemment la mort sur son chemin. Avec au bout du voyage, lassé de lui-même, des autres, l’envie de partir, loin, très loin au-delà des maux…