« Sandiste » ou « Mussetiste » ? Jean-Pierre Guéno, Diane Kurys et Roselyne de Ayala n’en ont que faire. Est-ce vraiment nécessaire de prendre parti pour l’un ou pour l’autre ? En amour, y a-t-il réellement un bourreau et une victime ? On a l’habitude de répondre non. Pourquoi la réponse varierait-elle parce qu’il s’agit de George Sand et d’Alfred de Musset ? Elle, qui rêve d’absolu et de liberté et « n’aime pas moins quand [elle] boude que quand elle [rit] ». Lui, qui est de sept ans son cadet, amoureux, mais aimant varier les plaisirs. Ces amants-là, comme d’autres encore, sont tour à tour ennemis et amis, selon que le lyrisme ou l’amertume sied mieux à la circonstance.
L’album des éditions de La Martinière va dans ce sens. On se surprend à émettre des avis contradictoires sur ces deux années de passion tumultueuse. Les lettres des deux amants, les extraits de Lélia, de La Confession d’un enfant du siècle, de Elle et lui, et les échanges épistolaires avec Sainte-Beuve et Pietro Pagello sont là pour témoigner de la complexité de George et d’Alfred. On redécouvre leurs amours enfantines, leurs phases d’euphories et de crises, mais aussi la valse romantique qui a enfanté Lorenzo, Lélia, Camille ou encore Perdican, à mesure que les deux amants tournoyaient ou passaient à d’autres partenaires.

Loin du catalogue promotionnel destiné à lancer le prochain film de Diane Kurys, cet ouvrage est un riche condensé des plus belles lettres, généreusement ornées d’aquarelles et de photographies des objets ayant appartenu à George Sand. Quelques développements faisant office de résumés ou de commentaires viennent ponctuer La rencontre, Les noces brisées, La nostalgie et l’inévitable Déchirure. Quelques pages discrètes, en fin de volume, présentent des clichés du tournage des Enfants du siècle et nous informent des intentions de la réalisatrice, mais rien d’assommant.
L’invitation au voyage est exclusivement poétique et littéraire. Souhaitons que le film soit fidèle à l’image que l’on se fait de cette passion fulgurante.