Georges Fourest est né sous le signe de l’humour et de la fantaisie. Mais surtout sous celui d’une forme de paresse créative que bien des contemporains devaient lui envier. Esprit fantasque et irrévérencieux doublé d’un érudit et d’un versificateur insolite, il profita de sa jeunesse studieuse (« peu disposé à travailler ») pour écrire des poèmes. Ne prenant rien au sérieux, et surtout pas lui-même, il préféra les cafés du quartier Latin aux salles de plaidoiries (il était avocat de métier). C’est là qu’il trouva l’harmonie qui lui convenait pour se consacrer à sa tâche. Par la magie toute-puissante de ses rimes, qui sont faites pour rire (prenons pour exemple celles-ci : « hélas ! ne pouviez-vous, me prenant par l’échine, quand je bavais, môme gluant, déjà rêveur, m’offrir à des cochons, comme l’on fait en Chine ? »), il parodia les écoles littéraires (parnassiens ou symbolistes) et les grands classiques (Corneille, Hugo, à sa guise). Usant de mots extravagants, en inventant d’autres, cet « anarchiste de la rime » confectionna des perles rares sur des rythmes qui n’appartiennent qu’à lui. Les délires sexuels n’y sont pas absents. Les métaphores bouffonnes non plus. Le carnaval poursuit son chemin… Attention ! Ce rire est contagieux. C’est celui d’une jeunesse qui se voulait éternelle. Et qui ne sera bientôt plus.