Beaucoup d’écrivains ont parlé de la guerre. Pourtant, peu d’écrivains français ont consacré leurs travaux à la guerre d’Algérie. Cette Histoire déformée par toutes les propagandes rebute les Français. Ils y voient trop de violence verbale, de combats sanglants, et d’exactions commises -des deux côtés. Sans compter les trahisons, cette vérité insupportable à tous ? Appelé en Algérie comme lieutenant-officier, tout juste sorti d’une « parodie de formation », le jeune Rossi entre dans un nouvel âge (il vient d’abandonner ses études de Droit), celui des passions et des chimères des grandes personnes, d’hommes de convictions mais sans scrupules. Et tout d’abord celles de son « colonel ». L’homme a du cran ; il voudrait sortir du mensonge politique, et manifeste un réel talent pour dire les horreurs de la guerre, mais aussi les mettre en pratique dans ce conflit qu’il nomme lui-même guerre « contre-révolutionnaire » et « anti-communiste ». Voici donc la guerre, et plus marquant encore, la paix dans la guerre, l’absence de haine de certains de ces soldats face à l’adversaire.

Mon Colonel raconte également cette histoire, celle d’hommes au cœur déchiré, de leur tendresse cachée derrière les grandes réalités politiques et le cynisme allant avec. Mais si l’on part bravement à la guerre, sur le terrain, la réalité prend rapidement un autre visage. La mort a rendez-vous avec les belligérants. Et les populations civiles en paient également le tribut. C’est la description de cette logique implacable menant au pire (dérives d’une partie de ces militaires appliquant les techniques de l’ennemi, tortures, détournement de la « légalité ») que relate Françis Zamponi. Et au milieu de laquelle se trouve exposé ce jeune homme seul, qui paiera de sa vie l’intransigeance de ses supérieurs. Etayé de solides informations et d’une connaissance tout aussi solide sur le déroulement du conflit, cette « fiction réaliste » ne présente qu’un seul défaut : sa brièveté.