Qu’on se le dise : Francis Mizio n’est pas à proprement parler un écrivain. Il ferait plutôt partie de la catégorie touche à tout, ainsi que le laisse penser sa mini-bio : livreur de canapés, cuisinier, employé de banque, journaliste. La remarque est importante, et ce à double titre. D’une part, il n’y a pas chez lui de tentative d' »écriture », au sens littéraire du terme. Pas de prise de tête en perspective, et une bonne dose d’humilité tout au long de ces 280 pages. D’autre part, le monde du travail -du chômage devrait-on dire, mais est-ce faire honneur à la situation de tant d’hommes et de femmes que de l’ériger en « monde » ?- et des petits boulots est au cœur de L’Agence tous-tafs. Ladislas Krobka est un TTLD -chômeur très très longue durée- qui, par miracle, décroche à l’ANPE de son quartier (que son pote Kamel s’échine à détruire à coups de colères dépitées) un boulot d’intérimaire : il devient Refregirator cop -flic de frigo- pour une boîte américaine qui se propose de faire maigrir des personnes à forte surcharge pondérale qui ont échouées par les méthodes classiques, et ce de la manière forte. Mais Ladislas s’aperçoit que ladite boîte américaine -Weight Warriors- est louche à bien des égards. Et comble de malheur, il est persécuté par une cliente suédoise obèse, qui s’est mise en tête de lui faire subir les derniers outrages.

On l’aura compris, l’histoire même de L’Agence tous-tafs place Mizio dans une veine dramatico-burlesque, et il parvient maintes fois à nous faire rire en effaçant les ambitions stylistiques derrière des situations abracadabrantes. Alors, L’Agence tous-tafs, un petit roman sans prétentions, pondu par un non-écrivain ? Ça se pourrait bien, mais il semble bien également que ce soit cela qui le rende si attachant, si frais, si véridique sous le masque de la satire. En somme, on dira de Mizio, que pour un écrivaillon, il ne manque pas de finesse et d’humour, ce qui nous change des écrivains revendicateurs de leur condition qui trop souvent nous offrent des torchons brochés.