Christophe Donner n’est pas un garçon sérieux. Bousculer comme il le fait l’ordre établi, les conventions pépères de la fiction (ce gros mot employé à tort et à travers), ce genre si prisé par nos chers auteurs, ce n’est pas gentil. A ce stade, il semble inutile de préciser que l’auteur sait rire, y compris de lui-même. Voilà une qualité plutôt rare dans le milieu des lettres. Car cette « thèse » contre l’imagination, il ne l’a prend pas vraiment au sérieux (il faut constamment démêler ici ce qui est fait pour rire de ce qui est à prendre à la lettre). Plaidant pour le réalisme (c’est dit sommairement), il dénonce donc la tendance -fâcheuse- des auteurs à vouer un culte débordant à leur imagination (ce qui crée les désastres que l’on sait dans notre littérature). Cette turpitude se devait d’être un jour ou l’autre réprimée. Heureusement, Christophe Donner est arrivé. Enfin voilà quelqu’un qui lui assigne sa véritable place : entre le faux-semblant et le délire pur et simple. Quand il ne s’agit pas, en prime, de délire interprétatif. Et à ce titre, il n’a pas tort de souligner à quel point Deleuze peut être incompréhensible. Dommage qu’il ait trop souvent cravaché sa rage. Cet essai aurait pu se transformer en véritable brûlot. Sa révolte a trouvé ses limites. Son imagination sur la question n’est bien sûr nullement mise en cause. Un coup pour rien ? Certes non. Car sur le mode toute parole est séduction, donc mensonge, il n’est pas dans le faux.