1. La rentrée mondaine

 

Votre profil : vous tenez à pouvoir soutenir une conversation dans les dîners, être au courant de ce dont tout le monde parle, et ne rien rater de ce qui fait la une.

Votre méthode : vous ruer sur ce qui fait les gros titres.

Votre liste : Emmanuel Carrère et son Royaume (P.O.L), parce que tout le monde l’a mis en pole-position (et parce que c’est vraiment bien). Eric Reinhardt, L’amour et les forêts (Gallimard), parce que c’est l’autre grand roman français de la rentrée. Frédéric Beigbeder pour Oona & Salinger (Grasset), parce qu’il occupe l’écran et que c’est plutôt un bon cru. Benjamin Wood pour Le Complexe d’Eden Bellwether (Zulma), parce que c’est la découverte étrangère dont tout le monde parle et qu’il vient d’obtenir le prix du roman FNAC. James Salter pour Et rien d’autre (L’Olivier), parce que c’est le grand classique de la rentrée, élégant et imparable.

 

2. La rentrée branchée

 

Votre profil : vous tenez à n’aligner sur votre table basse que des auteurs chics, plutôt branchés, labellisés presse qui compte.

Votre méthode : lire les articles en pages intérieures des journaux, et lancer un regard vaguement méprisant sur les têtes de gondole. 

Votre liste : Viva, le nouveau Patrick Deville, en plein Mexique (Seuil). Tristesse de la terre, d’Eric Vuillard (Actes Sud), mini-récit sur la naissance du mythe de l’Ouest et de la société du spectacle. Mécanismes de survie en milieu hostile d’Olivia Rosenthal (Verticales), toujours expérimentale, toujours intéressante. La peau de l’ours de Joy Sorman (Gallimard), même si ça n’a pas toujours été notre came. Le Soleil de Jean-Hubert Gailliot (L’Olivier), où le patron de Tristram promène ses mythes et ses vertiges sous le soleil de Méditerranée.

 

3. La rentrée indé

 

Votre profil : vous voulez avoir lu autre chose que les autres, vous la péter avec des étrangers pas connus, sortir un peu des sentiers battus par la presse.

Votre méthode : fouiller des heures en librairie. Privilégier les petits éditeurs. Lire Chro.

Votre liste : Le Mouvement perpétuel de Dexter Palmer (Passage du Nord-Ouest), rencontre entre Jules Verne et le post-modernisme, première traduction de l’auteur et bonne surprise de la rentrée étrangère. Golberg : Variations de Gabriel Josipovici (Quidam), superbe nouveau texte du grand romancier anglais, qui marque, signalons-le, le retour des éditions Quidam (dont le boss Pascal Arnaud nous dit quelques mots dans notre hors-série littérature). Un Homme par ouï-dire de Willem Jan Otten (Les Allusifs), court et bizarre roman basé sur une idée folle: et si les morts retrouvaient leur conscience chaque fois que les vivants pensent à eux ? Tous les jours sont des nuits de Peter Stamm (Bourgois), où le romancier suisse-allemand brouille les pistes du portrait de femme pour proposer quelque chose d’hybride qui nous parle peut-être d’un certain crépuscule suisse.

 

4. La rentrée geek

 

Votre profil : américanophile et technolâtre, vous voulez avoir lu ce qu’il y a de pointu.

Votre méthode : foncer au rayon littérature étrangère, dévorer les analyses de nos amis du Fric-Frac Club, lire Chro

Votre liste : Fonds perdus, parce qu’on ne peut pas n’avoir pas lu le nouveau Pynchon (Seuil), et que Nicolas Richard, son traducteur, vous aura mis l’eau à la bouche dans le hors-série de Chro. La Vie volée de Jon Do d’Adam Johnson (L’Olivier), parce que la Corée du Nord vous fascine et qu’il a eu le Pulitzer 2013. Pomme S d’Eric Plamondon (Phébus), parce qu’on n’a pas tous les jours l’occasion de lire un romancier québécois, et qu’il parle de notre époque à travers une méditation sur l’année 1984 et l’avènement du Mac. L’aménagement du territoire d’Aurélien Bellanger (Gallimard) parce que vous aviez été stupéfait par son premier roman, et pour savoir si les réserves de Chro (cf. le hors-série) tiennent la route.

 

5. La rentrée découvertes

 

Votre profil : fureteur, vous adorez les premiers romans, et être le premier à dire que vous avez découvert tel ou tel.

Votre méthode : consulter la traditionnelle sélection du Figaro, tendre l’oreille, chercher sur les quatrième de couves la phrase fatale : « Blabla est son premier roman ».

Votre liste : Dancing with myself d’Ismaël Jude (Verticales), Flaubert sans les sentiments, Balzac sans les illusions, dans un Paris lascif. L’idiot du Palais, de Bruno Deniel-Laurent (La Table Ronde), sarcastique à souhait. F de Luis Seabra (Rivages), si vous aimez les univers austères, mi-Borges, mi-Orwell (mi-Brazil, aussi). Un jeune homme prometteur de Gautier Battistella (Grasset), à cause de son titre culotté, et parce que c’est une bonne surprise. Le Bal des hommes, de Gonzague Tosseri (Laffont), parce que ce blaze improbable est le pseudo d’un duo, et qu’il propose une belle reconstitution old-school du Paris de 1934.

 

6. La rentrée Chro

 

Votre profil : lucide, vous savez qu’en lisant Chro vous vous plantez rarement.

Votre méthode : lire de A à Z le hors-série Chro spécial rentrée et faire votre choix.

Votre liste : Terminus radieux d’Antoine Volodine (Seuil), parce qu’il couronne l’entreprise du post-exotisme commencée voici 25 ans, et qu’il est en couve. Photos volées de Dominique Fabre (L’Olivier), parce qu’on ne parle pas assez de ce romancier discret et mélancolique. Gueule de bois d’Olivier Maulin (Denoël), parce que c’est le roman le plus drôle de la rentrée. Les barrages de sable de Jean-Yves Jouannais (Grasset), parce que vous voudrez tout savoir sur son « Encyclopédie des guerres » après avoir lu son interview-fleuve dans ChroGoat Mountain de David Vann (Gallmeister) et L’été des noyés de John Burnside (Métailié) parce que vous les aurez lus dans Chro.

 

Chro hors-série spécial rentrée littéraire, en kiosque depuis le 6 septembre.