Une année sans son WipEout n’est désormais plus une année comme une autre, un peu comme avec la saga des affres de Mlle Croft sauf que le marketing se fait moins pesant. Mais, tandis que pour un jeu d’aventure ce n’est jamais vraiment la même chose si ce n’est le personnage, est-ce bien raisonnable de nous balancer dans les bacs des versions de plus en plus ultime d’une course destructrice, aussi bien soit-elle ? La note risque de choquer les puristes (terme politiquement correct pour désigner les fanatiques wipeoutien), mais comment conseiller à un consommateur d’acheter la version « toujours plus mieux, vu dans la pub » d’un soft qu’il a peut-être dans sa ludothèque déjà en deux exemplaires. Certes les nouveautés sont bien là, comme pour mieux assumer le tirage de corde marketing, vous avez de nouveaux vaisseaux à choisir dans les 3 nouvelles écuries (plus 5 recyclées), de nouvelles pistes à survoler à mach2… Le jeu est toujours aussi speedé, seul ou aux heures de pointe si l’on peut dire.

Pourtant, l’environnement graphique (relativement sobre en comparaison de WipEout 2097) s’est méchamment amélioré grâce à la haute-résolution… haute en couleur, en précision (pas un poil de repoussant clipping), tout respire la réalisation de haute-voltige. Pour peu que vous vous mettiez en vue interne (une vue cockpit a été rajoutée) vous plongez dans la course la plus sensationnellement vomitive qui n’ait jamais été faite. Enfin, il faut d’abord patienter avant de pouvoir espérer du rang d’amateur ridicule -on vous conseille de jouer d’abord tout seul pour ne pas avoir l’air d’une tanche- à celui de professionnel capable de toutes les prouesses. Les circuits sont tellement alambiqués que vous risquez de croiser davantage la bordure (ralentissement brutal et cruel) que les bolides concurrents et ne croyez pas pour autant que vous ayez ici plus de temps pour admirer la bucolité du décor. On n’est pas là pour compter fleurette ! La concentration qui s’impose risque de vous faire ressentir la pire des surchauffes neuronales. Rassurez-vous, même les habitués devront d’abord connaître les circuits par cœur avant d’arriver à quelque résultat honorable. Une difficulté réservée aux plus acharnés, surtout vu la longévité du jeu qui compte pas moins de 24 défis (course, arme et temps), des tournois, un mode éliminatoire (du tir au pigeon pur jus)… n’en jetez plus !

Mais le meilleur reste encore et toujours le mode multijoueur, réservé jusqu’ici aux nintendomaniacs, où le plaisir de s’envoyer en l’air au son des Chemical Brothers, Underworld, Orbital ou encore des Propellerheads. Pour une fois que la musique électronique n’est pas utilisée comme une simple excuse sonnante et trébuchante, on ne va pas se priver de brancher sa console sur un petit booster Hi-fiesque. De quoi patienter jusqu’à une inévitable version Play 2 qui, sans aucun doute, aura des arguments véritables pour nous boulversifier. A moins que d’ici là il trouve encore le temps de nous sortir une version ++… A réserver donc en priorité à ceux qui n’ont pas la chance de piloter un engin profilé, surarmé, et aux drogués de la vitesse supersonique qui ne veulent louper sous aucun prétexte une occasion de donner dans la démesure.