On avait apprécié Tropico pour son côté cynique, décalé, rapport aux gentils jeux de gestion traditionnels qui préconisent sans relâche, et sans risque, cette bonne vieille démocratie, seul modèle politique capable de satisfaire ses ouailles et d’assurer à la civilisation humaine longévité et prospérité. Ici, c’est le modèle flibustier, pirates obligent, qui prévaut : soit un principe d’économie florissante reposant sur le vol, la dépouille, le marché noir, la contrebande, etc. Pop Top Software a donc joué la carte du politiquement incorrect, histoire de se faire remarquer dans un secteur vidéoludique pas franchement téméraire.

La grande (l’unique ?) trouvaille, c’est de faire reposer dorénavant le jeu sur la gestion de prisonniers qu’on ira surtout récupérer en incursion ou en patrouille sur les îles environnantes Un tas de flâneurs rebelles qu’il va falloir mettre au turbin et surveiller de près pour éviter évasions et mutineries. Pour les convaincre de s’atteler à la tâche, vos fidèles pirates sont prêts à mettre la main à la patte en faisant respecter l’ordre et la terreur, à condition de satisfaire toutes leurs exigences. Soit, en gros : ballade en mer, plan beuverie, ballade en mer, plan cul chez la courtisane, ballade en mer, etc. A vous ensuite de gérer votre île entre ordre -pour bouger le derrière de ces feignasses- et anarchie -pour attirer et garder cette main-d’oeuvre potentielle et contribuer à son bien-être. Pour ce faire, il convient notamment d’user et d’abuser des décrets de politique générale (y compris en matière d’affaires étrangères pour déterminer vos relations avec l’Espagne, l’Angleterre et la France) ou d’actions immédiates mis à votre disposition (pots de vin, assassinat, racolage, demande de rançon, exécution au hasard, rhum à volonté, etc.).

A part ça, aucun changement de programme à l’horizon. Même types de missions, plutôt répétitives puisqu’il faut sans arrêt, quel que soit l’objectif, reconstruire les mêmes structures pour mettre en branle le même processus économique, et interface de jeu quasi identique donc toujours aussi confuse. Pire : visuellement parlant, Tropico 2 ne connaît là aussi aucun bouleversement, affichant une fois de plus un graphisme antédiluvien et des animations minimalistes qui feront au mieux sourire le joueur nostalgique (époque Settlers ou Populous quasiment).

Pleinement satisfait de son coup d’épée dans la fourmilière, il semblerait que Pop Top Software ait, depuis la sortie du premier opus, décidé d’hiberner en quelque sorte jusqu’à la réalisation de cette suite. Car le genre simulation/gestion a lui aussi profité des dernières avancées technologiques en matière de gameplay (cf. le must du le genre Sim city 4). En l’état, disons que ce deuxième opus aurait tout à fait pu débarquer, par exemple, quelques semaines après la sortie de Tropico 1, c’est dire le degré zéro d’évolution entre les deux. Bref, à moins de s’ennuyer ferme dans la vie, il n’y a véritablement aucune raison valable, aujourd’hui en 2003, de s’intéresser de près ou de loin à Tropico 2. Next please !