Franchement, quelles raisons peuvent bien pousser des concepteurs à développer encore aujourd’hui un jeu de stratégie en temps réel ? Des envies suicidaires, un concept génial pour un genre obsolète ? Peut-être rien de tout ça, sinon le désir mégalomane d’apporter ses petites modifications pour un plaisir toujours plus grand nous dit-on. Faut voir…
Innovation pour Sacrifice, compilation pour Kingdom under fire, le premier STR de Microïds, Times of conflict, use d’une stratégie plus consensuelle : celle d’un hommage respectueux au pionnier du genre, Dune. Une planète lointaine, Edhaer, trois confédérations à la volonté de puissance bien affirmée (La Guilde, la Fondation et l’Alliance), et une matière première répondant au doux nom d’ »Aarine »… le plagiat n’est pas loin tant les points communs entre les deux univers sont nombreux. Certes, les vers de sable ont depuis longtemps disparu de la surface de la planète (on ne parle même pas des amours du prince Mu’ad Ib). N’empêche, les coïncidences deviennent nettement plus troublantes lorsque le déroulement global du jeu prend l’allure d’un gigantesque plateau, où, au tour par tour, chaque joueur (humain ou non) avance ses pions à la conquête de nouvelles régions. On l’aura compris, le but ultime de Times of conflict ne déroge pas à la règle du genre, à savoir la victoire sans partage de votre armée sur le reste du monde. Pour ce faire, mêmes techniques qu’à l’accoutumée : on collecte les ressources (Aarine et essence), on construit de gros bâtiments guerriers et on envoie tout ce joli monde se détruire à grands coups de lance-roquettes et de balles traçantes. Question réchauffé, Times of conflict n’y va pas avec le dos de la cuiller.

Heureusement, les ressemblances s’arrêtent là. Le point fort de Times of conflict se trouve dans la partie diplomatique et stratégique, un mélange entre Risk et Shogun. Plutôt que de tomber bassement dans la facilité, Times of conflict développe un scénario non linéaire intéressant : les missions ne s’enchaînent plus les unes après les autres mais tiennent compte aussi bien de vos réponses dialoguées avec les autres généraux de votre armée que de vos mouvements (retraite, ravitaillement, combat, les trois opérations possibles pendant un tour). De quoi multiplier sans trop de difficulté les variantes d’une même mission. Niveau jouabilité, quelques options utiles comme les « ordres pondérés » où le simple fait de cliquer sur une des unités permet de lui faire facilement exécuter un ordre. L’intelligence artificielle reconnaît l’urgence de vos clics et détermine automatiquement quelle est l’action la plus appropriée. Très appréciable en cas de panique devant une attaque surprise un peu trop virulente !

Gros point noir pour finir : les graphismes qui, malgré la boulimie de ressources que nécessite le logiciel, s’avèrent très décevants. De faible définition, avec des couleurs criardes et des pixels un peu trop visibles, ils finissent par réduire le plaisir que l’on pouvait éprouver devant cette réalisation pas si mauvaise que ça. Pire encore, la gestion des caméras, si elle est entièrement paramétrable, fait dans la distorsion, donnant l’impression étrange d’une perception complètement psychédélique. A découvrir, pour la forme.