C’est Noël, les ninjas sortent de leur tanière ! Pas moins de trois jeux vous proposent ce mois-ci de plonger en plein Japon médiéval : Tenchu, moins attendu que ses collègues, se place d’emblée en challenger. Saura-t-il tenir tête à ces deux grosses machines que sont Bushido Blade 2 et Ninja : Shadow of Darkness ?
C’est donc sous l’aspect d’un ninja (fille ou garçon) qu’il faudra remplir une dizaine de missions périlleuses, du simple transport de courrier à l’assassinat pur et simple. Vos déplacements étant suivis par une caméra baladeuse à la Tomb Raider avec les avantages (immersion totale) et les inconvénients (prises de vue peu pertinentes) que ça représente. Pour atteindre sans encombres son objectif, l’apprenti-ninja se doit de parcourir attentivement son petit manuel des Castors Juniors. Leçon numéro 1 : « tu feras preuve de discrétion ». Inutile de jouer les barbares, à moins de vouloir finir rapidement en pièces détachées, l’attaque par surprise se révèle nettement plus efficace et meurtrière. Pour passer inaperçu, il s’agit de longer les murs ou de marcher accroupi, une alarme se déclenche si vous avez été repéré. Ce mode furtif est une bonne idée mais souffre de deux inconvénients majeurs. Primo, c’est un moyen de locomotion lent et fastidieux ; deuzio, l’intelligence artificielle des adversaires y répond de manière surprenante. S’ils vous remarquent bel et bien lorsque vous êtes visible, ils peuvent à nouveau vous ignorer si vous trouvez un moyen de vous remettre à couvert. Pas très finauds nos GI-Joe nippons.
Leçon numéro 2 : « tu manieras le sabre comme Wesley Snipes ». C’est ici que le bât blesse : un seul coup d’épée disponible, c’est peu. De plus, les changements d’angle de vue vous plongent parfois dans d’embarrassantes situations : il n’est pas rare qu’au cours d’un combat on se retrouve dos à dos avec son adversaire. Heureusement on dispose d’armes de jet très efficaces mais attention, leur quantité est limitée.
Leçon numéro 3 : « tu grimperas aux murs pour pas qu’on t’voie ». Vous pouvez utiliser au cours du jeu un grappin très utile qui permet de monter sur les toits et d’éliminer les ennemis sans qu’ils puissent vous atteindre. De cette manière, avec un peu de jugeote, il est possible de se rendre vers l’objectif principal sans trop d’embûches.
Que dire de la réalisation sinon qu’elle reste correcte, à l’exception d’une somptueuse introduction en noir et blanc, mariage harmonieux de l’univers de Kurosawa et du manga médiéval. Le moteur 3D est en deçà de ce qu’on a déjà pu voir sur PlayStation et l’ambiance nocturne omniprésente n’arrange rien. Minimum syndical pour l’environnement sonore itou et les voix françaises, une fois de plus, frisent le ridicule.
Finalement, le meilleur de Tenchu, c’est sa musique, véritable revival trip-hop de la musique folklorique nipponne, avec ses cordes délicates et ses voix féminines envoûtantes. On achèterait presque le jeu rien que pour ses plages musicales. Ce n’est fort heureusement pas l’unique raison qui fait de Tenchu un jeu hautement recommandable. Moins réaliste que Bushido Blade, moins arcade et « joli » que Ninja, il fait finalement figure de chaînon manquant, grâce à un mélange des genres savamment dosé.