La saturation est telle que l’arrivée d’une énième simulation en temps réel sur le marché frôle la crise de fou rire. Plus besoin d’aller chercher des litres de Coca ou des dizaines de tablettes de vitamine C, le joueur mutant a de toutes façons greffé sur ses moignons tous les raccourcis clavier nécessaires. C’est donc avec une totale nonchalance et une sérénité affirmée que l’éternelle bataille va (re)commencer.
Manque de chance, Sudden strike, dernière copie conforme du moment, risque bien de forcer l’évolution génétique du freak geek dégénéré. Non pas que le gameplay soit chamboulé de part en part : le système, digne héritier de Command et conquer et Alerte rouge, suit les formules éculées du genre. Axé sur la politique et l’histoire universelle, Sudden strike recrée l’univers de la Seconde Guerre mondiale. Trois camps alliés, russes et allemands et une pléiade d’unités toutes reproduites fidèlement aux petits soldats de plomb sont les protagonistes d’une baston générale de qualité. L’infanterie est équipée des armes en vigueur à l’époque, les chars amis ou ennemis sont fidèlement modélisés tandis que la DCA ou l’aviation bénéficient des dernières inventions technologiques. Pas de quoi fouetter un chat…

La mise en application se révèle tout autre. Les différentes missions solo suivent un ordre et un timing ultra-précis. Les convois ou espions à détruire sont gérés de telle façon que le joueur a plutôt intérêt à pousser ses troupes s’il souhaite que le déminage du terrain, la prise de la colline, l’installation de pièges et autres amuse-gueule soient faits en temps et heure. Même constat s’agissant des ravitaillements et de l’organisation de ses unités. Ici, pas de ressources à collecter ni de structures à élaborer. Un homme mort ne pourra pas être remplacé par l’un de ses clones : de fait, il vaudra mieux éviter l’affrontement au milieu d’une morne plaine sous peine de voir décimer en quelques instants la totalité du matériel humain.

On l’aura compris : Sudden strike s’affiche comme le développement ultime de la réflexion tactique. Que le novice se rassure, l’ergonomie et la prise en main n’en sont pas pour autant catastrophiques, bien au contraire. Un système de pause permet de tranquillement survoler la carte et de donner des ordres de mouvement à ses troupes. Dans un souci de réalisme, chacune d’entre elles possède des attributs qui lui sont propres : les snippers profitent d’une grande acuité au tir, les camions de ravitaillement et ambulances peuvent réparer ou construire des ponts. Autre innovation : la cartographie tient une place importante dans la stratégie à adopter. Pour les fous furieux, la chorégraphie tout feu tout flamme type Barbarossa peut certes être remise au goût du jour. N’empêche, il suffit de placer ses snippers dans les maisons décimées d’un village et d’installer quelques mines aux alentours pour être franchement efficace. La récupération des armes ennemies est aussi primordiale et offre une possibilité de pilonnage intensif des baraquements ou entrepôts.

Ultime précaution à prendre avant la mise en marche des mille et une unités : prévenir femme et enfants, patron et maîtresse, de votre indisponibilité pour les quelques semaines à venir, tant Sudden strike est addictif.