Si simulation économique signifie pour vous jouer au parfait petit autiste construisant à tout va le meilleur des mondes possibles, Starpeace risque bien de chambouler vos rues à angles droits et jardinets pour tous. Jouable exclusivement online, ce jeu marque le début d’une nouvelle ère pour un genre tombé dans la dérision et l’autocitation. Insomnies garanties.
Pas la peine de se leurrer : Starpeace reste avant tout une simulation économique basique. Mêmes objectifs tant de fois répétés : développer un réseau d’entreprises, le faire croître pour espérer peut-être un jour, qui sait, devenir le maître du monde. Ni plus, ni moins. Dans les faits, la gestion en temps réel et l’affrontement contre d’autres requins de la finance modifient en profondeur le déroulement du jeu et offrent une occasion comme une autre de mettre en pratique les théories économiques les plus normatives ou farfelues. Loin des cartes exiguès des Sim city, le théâtre des opérations fait figure de reproduction en miniature d’un monde bien réel : univers parallèles, dizaine de planètes et cartes à perte de vue. Bref, l’impression d’espace infini est telle qu’un système de passeport régule les flux entre les différents territoires. Même constat du côté des paramètres qui ont vu leur complexité s’accroître au point d’effrayer dangereusement les néophytes en la matière. Que les débutants se rassurent, Starpeace les gratifie d’un budget assez conséquent pour explorer l’univers particulier des flux économiques et boursiers et d’essuyer les quelques plâtres de l’installation

Avant toute chose, mieux vaut commencer par une visite discrète en mode touriste dans l’une des planètes, histoire de tâter le terrain. Lire les journaux, écouter les besoins des habitants et sonder la concurrence, la marche est plutôt longue avant les tant désirés dépôts de statuts de l’entreprise. L’étude de marché achevée, vient le moment de se constituer selon la branche choisie un réseau de concessionnaires, décider des salaires et faire quelques opérations publicitaires afin d’expliquer à vos concitoyens que vous êtes prêt à tout pour assouvir leurs désirs. Si cette première phase s’avère relativement facile à mettre en place, la transformation de votre petite épicerie en une multinationale tentaculaire nécessite un zeste d’investissement supplémentaire. Sans limites réelles, Starpeace réussit à reconstruire avec une acuité sans pareille les mécanismes économiques qui font de cette planète une gigantesque circulation de flux. Envie de racheter un concurrent à travers une succursale obscure perdue dans les îles Maldives ? Ou de lancer une OPA sur des producteurs un peu trop gourmands ? Tout se réalise de la manière la plus simple qui soit à travers une interface web parfaitement intégrée à la structure du jeu. Il est ainsi possible d’envoyer des e-mails à ses partenaires, de conclure des accords commerciaux, de favoriser l’élection d’un politique allié, le tout d’un simple clic depuis le douillet fauteuil de président.

Reste que devant une telle complexité le joueur risque parfois de se sentir un poil perdu. Comme dans le monde réel, difficile de faire des choix quant à la définition d’une politique agressive ou non, la seule présence du tableau des grandes fortunes de ce monde faisant office d’épouvantail, tant les grands requins ont déjà accumulé de précieuses longueurs d’avance. Et quand votre fournisseur principal décide de ne pas répondre à vos e-mails alarmés pour cause de dépôt de bilan, pas la peine de s’inquiéter : ce n’est qu’une des conséquences fatales d’un abonnement mensuel bien réel (environ 70 F) nécessaire à la poursuite du jeu, une fois le premier mois d’essai achevé.