Etrange titre dont l’enrobage annonce de sérieuses ambitions et qui finit avant même d’avoir commencé. Les cinématiques sont à niveau, la bande-son vous prend aux tripes. Dès son ouverture épique, l’Arwing, vaisseau emblématique de la saga, virevolte au beau milieu d’une titanesque armada ennemie, canonnant les croiseurs, multipliant les loopings. Et puis quatre heures plus tard, le mode Facile de StarFox : Assault n’est déjà plus qu’un mauvais souvenir. En temps normal, il n’y aurait pas de quoi s’alarmer. La saga est réputée pour sa structure en arborescence à la Darius : différentes routes pour un même objectif, et la certitude de pouvoir varier les plaisirs une fois le jeu terminé. Seulement Namco opte ici pour une narration linéaire et condamne le joueur à un périple immuable sur trois niveaux de difficulté. C’est un choix contestable. C’est loin d’être le seul.

On nous promettait un retour aux sources. Assault c’est finalement tout le contraire. Peut-être par peur : peur d’être trop vieux, peur d’être désuet. Il faut du courage pour s’assumer rail-shooter en 2005, quand les grands noms du genre font le tapin en loading-screen chez Tekken 5. Orta affronte le problème de front. Rez est plus roublard. Assault sort le drapeau blanc. Il diversifie, construit des espaces gigantesques sans vraiment chercher à les exploiter. Les niveaux sur rails se font rares et Assault laisse trop souvent la place à de simples zones de shoot à la troisième personne que le joueur pourra choisir d’explorer en Arwing, à bord d’un tank ou tout simplement à pied. De grandes manoeuvres qui trahissent un évident manque de confiance envers le space opera de Nintendo, envers ses fondamentaux et son identité première.

Assault cherche à réinventer la formule StarFox. Pourquoi pas ? On a déjà observé des petits miracles, de Castlevania : Symphony of the night à Panzer Dragoon saga. Si le choix du shoot’ pédestre à la Jet force gemini pouvait surprendre sur le papier, la maniabilité reste tout à fait acceptable une fois la manette en main. Rapidement, on comprend l’objectif du développeur : offrir des environnements vastes que permettrait d’exploiter un gameplay polyvalent. Problème : les adversaires se baladent en toute liberté, au mépris de toute planification et ce qui correspondait parfaitement à la philosophie d’un niveau comme le vaisseau mère de Katina dans Lylat wars donne ici l’impression d’un bordel hyperactif.

Ce refus du niveau dirigiste pour un gameplay plus dilué pourrait laisser croire à une terrifiante démonstration guerrière, une orgie de métal qui viendrait légitimer le qualificatif « Assault » accolé à cet épisode. En un sens, ça ne loupe pas. Constamment assailli sans qu’on lui laisse le temps d’apprivoiser son environnement, le joueur fatigué se contentera de suivre l’indice du HUD pour foncer vers l’objectif sans tergiverser. Et puis à quoi bon ? Le titre s’écroule sous un manque flagrant d’inventivité. L’écrasante majorité des objectifs mettent l’accent sur la destruction de générateurs de bouclier ou d’ennemi. Pour le reste, Assault annone bêtement les classiques de la saga, du combat contre l’escadron Starwolf au tunnel final en passant par la destruction de missiles. Les boss gigantesques des épisodes précédents ont laissé place à une poignée de sous-fifres dont la mise en scène est rarement convaincante. Evidemment, l’élégant système de progression dynamique de Lylat, qui voyait le parcours du joueur se modifier en fonction de ses actions n’a pas survécu à la narration linéaire. Au milieu des ruines, on peut tout juste se réjouir que l’ambiance StarFox, un peu naïve mais attachante, ait miraculeusement survécu. Car le sens de la démesure, ce souffle grandiose qui traversait chaque planète de ses prédécesseurs a complètement déserté Assault, tout comme la sensation de vivre une grande épopée intergalactique, faute de carte pour donner corps à notre imaginaire. En l’état, ce dernier épisode ne représente rien de plus qu’un vibrant plaidoyer pour le retrogaming. Il y a plus d’inventivité et de sueur dans le seul niveau d’armada de Starwing que dans la totalité de ce Starfox : Assault.