Difficile de rentrer dans Spellforce tant le jeu de Phenomic affiche a priori tous les ingrédients du Warcraft-like de base : background heroic-fantasy classique, système de races, collectes de ressources, construction de bâtiments et création d’unités. En sus, comme dans Warcraft III, l’incarnation de héros, la collecte d’armes, d’armures et d’artefacts et la présence de PNJs. A priori donc, le STR-RPG type, genre en vogue sur PC depuis que Blizzard a ouvert la brèche en 2003. A l’usage, pourtant, le jeu de Phenomic se démarque radicalement de Warcraft III, et les ambitions des concepteurs s’avèrent finalement un peu plus poussées et louables qu’il n’y paraît…

Vous êtes le guerrier de la rune qui doit sauver le monde du chaos malencontreusement instauré par les mages du Cercle après initiation d’un rituel qui a mal tourné. Un truc de mégalo censé déterminer lequel d’entre eux sera l’Elu, finalement à l’origine de la destruction de la planète. Un monde dorénavant fragmenté en régions éparses, en peuplades ghettoisées. Seul moyen de se rendre d’une région à l’autre : l’utilisation de portail ou, mieux, de Pierres des âmes par l’intermédiaire desquelles il est possible de revenir à tout moment dans une région déjà visitées. Heureusement, car Spellforce propose un paquet de sous-quêtes qui imposent maints allers-retours sur les cartes déjà pus ou moins dévoilées : un objet manquant à dénicher dans une autre région pour la résolution d’une quête, la nécessité d’amasser plus de points d’expérience pour venir à bout d’un adversaire un peu trop coriace, etc. On se familiarise doucement mais sûrement avec les environs, les villages, les PNJs. Avantage : il y a toujours quelque chose à faire dans Spellforce, en plus de suivre la quête principale qui nécessite un certain niveau pour en venir à bout. Et quelques renforts… Deux possibilités : l’option STR d’abord, via la création d’unités (humains, nains, elfe, orques, trolls et elfes noirs). Parfait pour les attaques en masses et la destruction de camps ennemis. L’option RPG ensuite : en récupérant des runes spécifiques, vous pouvez invoquez des héros (guerriers, mages, prêtres, etc.) aux niveaux plus ou moins élevés. L’avantage étant bien sûr de pouvoir profiter de forces individuelles et de nouveaux sorts capables de faire vaciller un adversaire puissant.

Hormis quelques soucis de chutes de frame rate et autres gels d’écran -le jeu est assez gourmand en ressources-, Spellforce constitue sans aucun doute la première franche réussite en matière de mixture STR-RPG. L’atout majeur du jeu consiste à faire en sorte que la partie STR serve le RPG et non pas l’inverse comme c’était le cas jusqu’alors. Ainsi, le jeu de Phenomic relève en vérité davantage d’un Baldur’s gate ou d’un Neverwinter nights que d’un Warcraft III. Excellente manière aussi de limiter le côté fastidieux et répétitif du jeu de stratégie pour en faire un élément de gameplay supplémentaire qui ne prend jamais le pas sur le coeur du jeu : l’exploration de nouveaux territoires, la résolution d’une quête évolutive et la montée en puissance d’un personnage, héros unique que vous incarnez jusqu’au dénouement de l’aventure.

Surtout, ne pas se fier pas aux apparences (visuellement, le jeu exploite une esthétique heroic-fantasy d’une banalité confondante), Spellforce regorge d’atouts vidéoludiques imparables, affichant une richesse de gameplay proprement hallucinante. Sachant que la durée de vie du jeu est énorme, voilà de quoi finir 2003 et entamer 2004 en beauté, scotchés à nos machines.