Loin des Quake-like et autres STR, la dernière production d’Empire Interactive dépareille franchement dans le paysage vidéo-ludique mondial. Un peu de fraîcheur et de liberté dans le monde brutal et sclérosé des jeux vidéo. C’est le sentiment que nous donne cet atypique Sheep. Pas vraiment tous les jours qu’on a l’occasion d’incarner un berger au sein d’un troupeau de moutons, n’est-ce pas ? Spéciaux les moutons, on nage ici en plein délire puisque la race ovine en question descend directement d’ancêtres venus du système solaire de Ovis Aries, il y a de ça plusieurs milliers d’années. Les voilà débarqués sur Terre avec la ferme intention d’observer et d’analyser l’environnement sur la planète. Oui mais, à force de se prélasser, les moutons ont finalement oublié leur mission au point de se faire doucettement domestiqué par l’Homme. Reste qu’ils gardent aujourd’hui des séquelles de leur indépendance d’autrefois. Certains sont passionnés de mode (les « Têtes de laine »), d’autres arborent une dégaine punk-rock (les « Rebelles ») quand leurs cousins bidouillent des ordinateurs et surfent sur Internet (les « Cyber moutons »). Avec les « Lambda », comprenez les moutons de base sans caractéristique particulière -si ce n’est qu’ils sont peureux et franchement stupides, des moutons quoi !-, ça nous fait quatre races à maîtriser pour venir à bout du jeu.
Reste à choisir votre personnage parmi quatre prétendants au titre de berger ultime. Milaine, bergère le jour et rock star la nuit ; Pierre Pression, ex-banquier rangé des affaires qu’on dit « gentiment brutal » (dixit la doc) : Fourre-tout, l’animal domestique qui rêve d’être chien de berger. Et Berg, chien de berger justement, pas bête mais un peu âgé, donc lent.

Mais quel est donc le principe de ce Sheep, vous demandez-vous. Vous l’aviez deviné, il s’agit de prendre en main la destinée d’un troupeau de moutons, soit un ramassis de crétins pas très éloignés des Lemmings. D’ailleurs, à bien des égards, Sheep n’est pas sans rappeler le hit de Psygnosis puisqu’il va vous falloir diriger les moutons à travers une série de niveaux parsemés d’obstacles et d’embûches en tout genre. En général, c’est totalement absurde mais bien dans l’esprit : des requins traînent dans les champs de maïs, vos moutons passent à la moulinette ou se transforment en esquimaux. En vous approchant des moutons, vous les incitez à se déplacer. Courez pour accélérer le mouvement du troupeau, rampez pour vous approcher au plus près de lui et contrôler la situation. Le must étant de pouvoir profiter des différents bonus étalés un peu partout dans le décor : la radio et le cœur les attirent par exemple.
Evidemment, la difficulté du jeu est progressive et si l’on achève le premier monde sans véritable problème (celui qui suit la phase d’entraînement, j’entends), sachez que les épreuves suivantes (Jurassic pâturage, Clubnation et Mont Mouflon notamment) vous donneront du fil à retordre. Lorsqu’un certain nombre de moutons arrive sains et saufs au point de sortie, et si vous avez bien respecté le timing, vous passez de niveau.

A noter enfin que les concepteurs ont totalement fait l’impasse sur la question technique -si l’on met de côté l’exploit réalisé en matière de « stupidité artificielle ». Au programme : ambiances sonores, animation et design minimalistes, au profit de la jouabilité, forcément. Ce qui fait de Sheep un jeu qui ne restera pas dans les annales du vidéogame. Mais c’est gentil, ça mange pas de pain et on en redemanderait presque s’il n’était pas question de frôler la crise de nerf dans les niveaux avancés. Relax.