En ces temps de bonheur festif et de digestion joviale, pas question de bousculer le client. Eidos ressort encore une fois Lara Croft de ses cartons, Ubi Soft réitère son pack spécial Noël version Rayman : pas de doute possible, le monde merveilleux des jeux vidéo sait respecter comme il se doit les traditionnelles fêtes de fin d’année, cherchant à grands coups de pots pourris et autres compilations à toucher le plus large public. Au milieu d’une offre surabondante, Sega GT, fier d’une recette quasi millénaire, ose le pari insensé de faire plus insignifiant que possible. Sous couvert de réveiller les pilotes émérites qui sommeillent en nous, cette resucée sclérosante et ennuyeuse de course automobile servira à peine à mettre en branle les volants force feedback dénichés sous le sapin.

Sans innovation aucune, Sega GT se borne à cloner ad nauseam les ingrédients déjà reproduits à des milliers d’exemplaires. Entraînement, championnat, courses solo ou contre un ami, bref, les quelques modes disponibles appartiennent depuis bien longtemps à la liste des minima syndicaux. Certes, les derniers arrivés, si novices soient-ils, n’éprouveront aucune difficulté à prendre leurs marques mais les habitués des circuits tortueux risquent bien de rester sur leur fringale de gomme brûlée tant l’impression de redite est au rendez-vous. Pas de parcours à la Need for speed, ni même de poursuites urbaines à la MSR, mais de simples circuits où l’objectif consiste une nouvelle fois à passer la ligne d’arrivée avant les autres. Le gameplay ne recule devant aucune concession et repompe à n’en plus finir les sempiternelles recettes du genre. Au début, on commence petit, avec peu d’argent, et au fil des courses et des championnats, l’opportunité est donnée au joueur d’améliorer son véhicule ou de débloquer des bolides plus puissants et plus affriolants qu’une R5 ou qu’une Fiat Uno. Rapidement, les grosses cylindrées remplacent les petites… Rien de bien consistant à se mettre sous la dent.

On l’a dit, le concept ne casse pas des briques et a déjà été répliqué des centaines de fois. Dans le meilleur des mondes possibles, Sega GT n’aurait été qu’une simulation automobile de plus, sans grande valeur certes mais de bonne tenue. Hélas, les concepteurs n’ont même pas fourni la matière première à un environnement acceptable. Les véhicules, cédant à la mode du tout réalisme, parviennent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu mais la modélisation des circuits est nettement plus aléatoire. Sans grand relief, les courbes et les lignes droites se succèdent à un rythme ennuyeux dessinant des tracés mille fois empruntés. Au détour d’un virage mal négocié, c’est l’emboutissement sans grand dommage d’un buisson de polygones mal dégrossis. Une tranche de vie ludique qui se répète ici, sans compter les effets de ralentissement régulièrement constatés. Le compteur a beau marquer ses 200 km/h, la sensation d’avaler l’asphalte à pleines goulées est particulièrement limitée tant les réponses des véhicules aux injonctions du pad semblent se passer dans une autre dimension spatio-temporelle.

Après le déferlement récent de perles rares (MSR, F355), l’arrivée sur Dreamcast de Sega GT surprend. L’adaptation du titre sorti outre-Atlantique depuis belle lurette déçoit énormément : mal réalisée, graphismes laids, jouabilité hasardeuse, la liste des défauts est bien trop longue et la cause, finalement, bien trop vaine.