Alors que Resident evil : Code Veronica est tout juste disponible dans les bacs, Capcom et toute sa brigade de cerveaux psychotiques (il faut au moins ça pour avoir offert aux joueurs leurs plus belles frayeurs ludiques) se sont déjà remis en marche. Fantasmant probablement sur la bio du touche-à-tout Midas (roi de surcroît), l’éditeur nippon se laisse aller à ses pulsions stakhanovistes menant tout droit à une surenchère productiviste. Ce syndrome sur lequel, déjà, tentait de surfer la saga grabataire des Street fighter (un nouveau titre tous les 6 mois…) procure désormais presque plus de frissons aux consommateurs que les différents épisodes produits à la chaîne.

Pour faire passer la pilule, les concepteurs ont tenté avec ce Resident evil survivor de modifier quelques ingrédients tout en gardant la saveur de la sauce. Ici l’aventure n’est plus prioritaire, tout a été pensé pour casser du zombie jusqu’à l’écœurement. Sortez vos flingues ! Eh oui, pour vous faciliter la tâche et vous plonger au cœur de l’enfer, Capcom s’est souvenu que bon nombre d’amateurs s’étaient empressés d’acheter le G-Con 45 (ou un de ses ersatz) et a orienté son titre vers le gunshoot horrifique ! De quoi faire la nique à la concurrence sans pour autant se payer une réputation honteuse de plagiaire. La PlayStation aura son House of the dead, qui plus est estampillé Bio hazard ! Un concept certes très limité, le shoot n’a jamais fait appel aux neurones, mais que l’éditeur a tenu absolument à renforcer d’une dose d’aventure pour sauvegarder un semblant de liberté. Une idée qui avait de quoi nous faire fantasmer : se balader, l’arme au poing, dans une ville fantôme (l’action ne se passe désormais plus à Raccoon City mais dans un autre centre névralgique de la Umbrella Corp) sans aucune autre contrainte que celle de la survie…

Réveillez-vous ! La réalité est malheureusement bien moins cauchemardesque que ce que nos esprits dérangés avaient pu imaginer. La maniabilité, en particulier, vient gâcher ce qui s’annonçait pourtant comme le plus viandard de tous les shoots jamais conçus. Face à l’écran, le flingue braqué à bout de bras, on se retrouve avec des manipulations bien trop complexes pour jouir instantanément comme le veut le genre. Si l’on souhaite se déplacer, il faut d’abord pointer son gun hors de la téloche. En appuyant une fois sur la gâchette, le personnage se met à marcher (la vue est subjective) et deux fois, à reculer… Mais si vous désirez courir, il faut d’abord le faire avancer et ensuite appuyer une nouvelle fois. Sans rire ! En pleine action, c’est-à-dire entouré d’une demi-douzaine de cadavres ambulants, pas facile de s’y retrouver dès qu’il vaut mieux prendre un peu le large. Surtout que l’on peut aussi tourner sur soi-même pour cibler l’ennemi le plus proche… Crises de nerfs garanties ! Encore heureux, les zombidés et leurs confrères ne peuvent vous toucher dans le dos. Automatiquement, si vous oubliez l’un d’eux et qu’il se fait trop pressant, le personnage se retourne pour faire face au danger. Pratique mais totalement insupportable lorsque l’on vient tout juste de se creuser un passage à coups de lance-grenades pour filer au plus vite. Déconfit, on en vient rapidement à rebrancher sa bonne vieille DualShock. Sans réussir à trouver les sensations initialement programmées, RES devient largement plus jouable, voire trop. Les niveaux sont expédiés aussi rapidement que la pléthore de créatures qui vient se jeter sous votre cible. Le jeu se transforme alors en une espèce de Doom-like du pauvre où le « strafing » (les pas de côté) est interdit.

Enragé, on se dit pour se rassurer qu’au moins l’ambiance du Resident fondateur est respecté. Oui, mais… Alors qu’on aurait pu s’attendre à un jeu d’une violence des plus inouïes, on découvre après deux coups de shotgun, pourtant sciemment tirés en pleine gueule faisandée, que RES est le moins gore de toute la série. Les textures, tout ignobles qu’elles sont, sont aussi figées que le papier peint « Nicolas et Pimprenelle » de ma chambre à coucher. Est-ce le revers de l’utilisation de la 3D ? Pourtant Quake 2, aussi sur Play, avait prouvé qu’un Doom-like avait droit de vie sur la console. Il faudra donc vous y faire : pour ceux vraiment trop impatients de dépoussiérer le flingue, vous avez beau viser les articulations ou la gorge, pas le moindre morceau de chair ne gicle à l’écran. Seules de bien pâlottes gerbes de sang vous rappelleront que vous êtes bien dans un survival-horror… Et sans énigmes particulièrement retorses, un court après-midi suffira à l’évacuer de votre console. Puis de votre mémoire…