Pas sûr que vous soyez nombreux à éprouver le désir secret (quasi-pervers) de vous envoler vers des cieux ludiques à bord d’une triste maquette d’hélico… mis à part la poignée de férus qui se retrouve les week-ends, dans des champs perdus de province, pour faire voler leurs engins multipales. Cette idée, anti-commerciale d’apparence, Shiny l’a non seulement eue mais il l’a exploitée dans ses moindres possibilités. Les consoleux peuvent, en toute légitimité, y voir là un nouveau piège simulationnesque. C’est vrai que nos doigts (et parfois nos quelques neurones) ne sont, la plupart du temps, qu’entraînés au bourrinage épileptique. Or, ce serait dommage de louper la brèche éditoriale que nous ouvre à coups de rotors Shiny et, surtout, regrettable de passer à côté de l’instantanée jouissance qu’offre RC Stunt copter. Les concepteurs, habitués à l’originalité à tous pixels (Earthworm Jim, MDK, entre autres), parfois acclamée, parfois décriée, démontrent une nouvelle fois leur constance programmatrice.

Au cours de six épreuves par niveau de difficulté (5 + un stage bonus), le pilote en herbe doit prouver son professionnalisme par son adresse -atterrissage, tir, livraison de pizzas…- et par sa vitesse. Au départ, pas chien, on vous équipe d’un stabilisateur qui vous permet, en plus de vous faire une meilleure idée des distances, de passer sans trop de problèmes chaque nouvel obstacle. Esthétiquement, c’est vrai, vous ressemblez plus à une araignée d’eau qu’à un Michel Drucker en goguette, mais bon… Entre les slaloms, au cœur d’un stade, autour des poteaux de rugby, voire sous la barre de saut en hauteur, les passages au millimètre dans un anneau de pierre, les ravitaillements casse-cou ou encore les claquages de ballons de morveux, la variété est sans nulle doute au rendez-vous, même si l’on retrouve souvent les mêmes environnements. Assez pauvres d’ailleurs graphiquement… Mais l’intérêt du jeu n’est pas là et le choix d’un ton ouvertement cartoonesque compense avec ses décors minimalistes.
La jouabilité, elle, par contre est magnifiquement aboutie, pour peu que vous soyez équipé d’une manette analogique. Rapidement, après quelques crash-tests bien sentis, votre engin répond à vos injonctions manuelles et vous n’avez même plus à réfléchir question coordination des mouvements. Finalement, les sensations ne doivent pas être très éloignées de celles ressenties au téléguidage de l’un de ces engins. Un petit bonheur de jeu en vérité…

Tout est bien pensé jusqu’au mode multijoueur. Certains y verront peut-être une facilité de programmation puisqu’il ne s’agit pas d’un affrontement de terreurs du ciel hélice à hélice. Le second joueur se contente de regarder son adversaire jusqu’à ce qu’il en ait marre de le voir réussir toutes ses approches… d’une simple pression sur le bouton de sa manette, il fait apparaître sur l’écran une main géante qu’il déplace à sa guise pour aveugler le pilote. Marrant.
En revanche, le mode en vol libre est légèrement moins réussi. Si l’originalité est toujours débridée (je vous conseille la simulation de libellule), ce sont les surfaces qui s’avèrent ridiculement petites. Rien de bien méchant, le mode « normal » est assez vaste avec sa dizaine d’hélico différents -certains sont des vrais monstres- pour que la durée de vie soit assez consistante. A moins d’être hermétique à toute forme de simulation ou d’innovation, voire aux deux pour les cas les plus incurables, volez tout droit vers le hangar le plus proche !