Cadeau Bonux du line-up de lancement de la Xbox, Rallisport challenge surprend agréablement : on n’attendait pas vraiment la console de Microsoft sur ce terrain-là, du moins aussi rapidement. Les simulations de rallye sont légion (V-Rally, Sega rally, Colin Mc Rae, WRC, etc.) et si Rallisport ne risque pas de faire de l’ombre à ses illustres concurrents, il se débrouille plutôt bien pour un nouveau venu dans le genre très prisé de la conduite sur bouillasse.

De jolis paysages bump-mappés, des voitures correctement modélisées, une vitesse de défilement plutôt grisante et un mode carrière de longue haleine. A priori, on devrait frôler le hit immanquable. Rallisport est plaisant à jouer, mais dans la simulation de rallye, tout est histoire de sensations et c’est bien de côté-là que le jeu de Digital Illusions pêche un peu. Visuellement, d’abord, malgré l’avalanche de détails, les effets spéciaux correctement utilisés sans abus de poudre-aux-yeux, c’est un peu terne : si on différencie en toute logique les circuits désertiques, sur neige, ou en forêt, dès lors qu’on s’attarde sur les parcours de même type, il faut bien admettre que les éléments de distinction s’amoindrissent. Impossible de différencier clairement le circuit « Méditerranée » du circuit « Pacifique » : le même type de textures, les mêmes arbres, des conditions météo relativement similaires. L’ensemble du jeu se place sous la domination de la froideur et de la rigidité. Design plus poussé que celui d’une référence telle que Gran turismo 3 qui, en contrepartie, offrait bien plus de personnalité et de variété. Les capacités de la machine sont bel et bien là, c’est indéniable. Hélas, Rallisport ne parvient jamais à se démarquer du « connement photoréaliste ». C’est joli à regarder, mais pas plus que ce qu’on pouvait voir par la fenêtre quand on partait en vacances avec papa-maman.

Niveau conduite pure, le constat est tout aussi mitigé. La prise en main très simpliste rebutera sans doute les puristes qui attendent un peu plus d’une simulation de rallye qu’une bonne impression de vitesse. Peu ou pas de différence de portance entre les nombreux véhicules proposés, des sensations d’adhérence un peu limitées, Rallisport manque de vivacité. Tout ça est un peu trop propret pour être honnête, mieux vaut savoir à quoi s’attendre : de la course arcade, pas du Ferrari 355 Challenge pointu et réaliste, ni même du GT3 ou du Colin Mc Rae. Une fois ce postulat accepté, on prendra sans doute beaucoup de plaisir à jouer à Rallisport. D’autant que si la prise en main est très axée arcade, le challenge, lui, est à la hauteur des simulations les plus pointues. Le jeu ne pardonne aucune erreur, et la victoire peut être compromise au moindre dérapage mal évalué, voire à la moindre sortie de route un peu trop prolongée. De plus, les développeurs ont corsé l’affaire en proposant un mode carrière particulièrement drastique, à mi-chemin entre celui de GT3 et de Metropolis street racer : la console ne prend en compte que les dernières performances effectuées sur une session, qu’elles soient meilleures ou plus mauvaises que les précédentes. Recommencer un tournoi pour améliorer son total de points requiert donc un minimum de réflexion. De fait, et ce malgré le nombre réduit de sessions, la durée de vie promet d’être plus que conséquente… A moins de ne pas tolérer longtemps la frustration induite par l’obligation de faire et refaire les mêmes parcours.

Si on met donc de côté les inévitables errements et hésitations propres à toute licence balbutiante, Rallisport ne s’en sort donc pas si mal. Sur une console où la ludothèque automobile se limite à un Wreckless beau mais bidon et à un Project Gotham racing qui ne se démarque pas suffisamment de son prédécesseur sur Dreamcast, le rallye de Digital Illusions peut sans trop se soucier prétendre à une place de choix dans le palmarès des jeux de lancement les plus convaincants.