Projet IGI, c’est un peu comme la compilation facile et pas bête des meilleurs titres de tuerie. Imaginez plutôt : dans une atmosphère de conflit thermonucléaire, un ex-militaire reconverti pour l’occasion dans l’anti-terrorisme primaire se la raconte sauveur de l’humanité et cherche à déjouer les plans machiavéliques d’un général russe, de surcroît mafieux. Bref, outre les références explicites au parfait petit SAS, Project IGI donne dans la citation pure et dure. Rainbow six, SWAT 3, Counter strike ou encore Metal gear solid, autant de faire-valoir appelés à la défense d’un concept connu opposé aux traditionnels massacres de masse version Quake 3.

Peu de surprises dans le déroulement des opérations. Quatorze missions en tout et pour tout avec des objectifs aussi classiques que destructions de ressources ennemies ou libération d’otages dressent les possibilités restreintes, inhérentes à ce type de jeu. Pas la peine de chercher un semblant de scénario : votre alter ego féminin ne doit sa présence au générique des cinématiques qu’à sa douce voix de standardiste apte à vous renseigner sur les buts de votre prochaine mission. Les subtils rebondissements d’un Deus Ex ont depuis longtemps laissé la place à une routine omniprésente : sauver la planète d’une destruction totale a perdu définitivement son petit goût d’aventure pour sombrer dans une bureaucratie sportive bien ennuyeuse. Poser des explosifs, hacker un ordinateur, ou sniper du Ruskoff sont autant de simulacres stratégiques bien chiches face à la luxuriance d’un SWAT 3. Idem pour l’arsenal généreusement mis à votre disposition : entre le couteau de chasse, les fusils à pompe, l’éternelle Kalachnikov, ou le M16, l’attirail de l’antiterroriste basique est reproduit avec fidélité, sans grande originalité donc.

Le moteur graphique bénéficie des dernières avancées technologiques et pousse le rendu vers une réalité photographique quasi parfaite : les cartes prolifèrent à perte de vue et regorgent de détails propices à la mise en place d’une tactique subtile et efficace. Les bâtiments, miradors, entrepôts et autres tourelles, ne sont pas en reste et influent directement sur les chances de survie du joueur. Que ce soit en vue à la première ou à la troisième personne, mieux vaut porter une attention toute particulière aux recoins et angles morts. Peu novateur, Projet IGI tente de rattraper le coup par une soi-disant I.A. hors du commun, digne de situations réelles. Certes, la gestion des adversaires permet sans trop de problème d’entreprendre les actions basiques. Méfiance : se lancer dans une attaque frontale d’une base militaire, armé d’une simple Kalachnikov, risque d’avoir des conséquences plus tragiques qu’une découpe chirurgicale des carotides ennemies au couteau de chasse. Outre l’habituelle localisation des dommages, les pérégrinations du héros occupent une place importante dans les aléas, un fatal faux pas se soldant généralement par une sirène stridente et le réveil inopiné d’une bonne douzaine de gardes hargneux.

Malgré tout, bon nombre de défauts entachent le réalisme du jeu : balancer une rafale d’AK47 aura parfois pour seul résultat d’éborgner l’ennemi qui aussitôt relevé reprendra illico sa ronde. Même remarque s’agissant des cadavres qui jonchent les rues et qui ne semblent guère intriguer les camarades de chambrée. Dommage. Et si l’on prend en compte le peu d’options disponibles, l’austérité du titre en découragera plus d’un. Dans le même esprit, l’impossibilité de régler la difficulté ou de sauvegarder en cours de partie se révèle assez vite énervante. Vu l’âpreté des combats et la sagacité russe à dégommer de l’Occidental… Pour couronner le tout, pas de mode multijoueurs. Soyons clairs : sur le papier, vu le potentiel ludique et addictif, c’est alléchant. Hélas, par manque de finition, dans la pratique, Project IGI déçoit.