Le jeu vidéo fatigué des prouesses technologiques de plus en plus vaines se regarde les varices : frénésie de remakes, de remises à jour, lifting perpétuel de son passif. On ravale bourgeoisement quelques classiques -REbirth, MGS twin snakes– qui n’en avaient pas forcément besoin, on dépoussière à la truelle deux ou trois mythes en assurant le strict minimum technique –Dragon quest 5, Sega ages… Et on entreprend d’improbables fouilles archéologiques pour sortir d’antédiluviennes glorioles du formol -Rygar, Shinobi, Ninja gaiden, Pac man… Avec Pitfall, Activision pousse cette tendance retro-gaming dans ses derniers retranchements : la résurrection d’un jeu datant de 1982, trois couleurs, gros pixels, mono-genre, tout est à refaire. Ou plutôt « tout est à repomper », puisque le jeu d’Activision se contente, comme bon nombre de ses congénères canoniques, d’user et d’abuser des recettes qui marchent. Rien ne distingue donc vraiment Pitfall des autres jeux de plates-formes, puisque c’est de ça dont il s’agit, sortis ces dernières années. C’est un pur produit de commande qui fait ce qu’on lui demande… Plutôt bien d’ailleurs, sans génie mais avec un minimum de savoir-faire. Pitfall se laisse jouer à quelques baisses de rythmes près : c’est efficace, pour parler poliment. Malheureusement pour lui, le jeu vidéo est aussi affaire d’imagerie : or, qui peut bien, aujourd’hui, se passionner pour un clone super-déformé d’Indiana Jones parti casser de l’indigène Banania dans une forêt tropicale quelconque ? Le revival serial du début des années 80 a fait son temps, Harrison Ford a pris un sacré coup de vieux et plus personne ne se rappelle d’A la pousuite du diamant vert ou d’Allan Quatermann. Pitfall joue la carte parodique, mais ça ne suffit pas à le sauver de la ringardise, d’autant que la plupart des tentatives d’humour tombent à plat -c’est peu de le dire…

Evidemment, on peut toujours trouver à au jeu d’Activision un charme désuet et décalé. Ca change des matrixeries de service. On peut surtout penser que cette fascination qu’ont certains éditeurs pour leur fond de catalogue ne mène à rien : les jeunes joueurs gavés à la PS2 s’en contrefichent, les vieux gamers en mal de nostalgie préféreront toujours l’original à la copie.