Pour clore en beauté la trilogie, Capcom n’a décidément pas fait dans la dentelle. Il y d’abord ce scénario aberrant, gentiment pathétique, mais parfaitement assumé. Dans Onimusha 3, pour combattre les Genma, Samanosuke Akechi fait un saut de 500 ans dans le temps pour enrayer les ambitions délirantes de Nobunaga qui entreprend de s’attaquer au monde civilisé. Sa destination ? Paris, déjà grouillante de Genma. Le choc des cultures donc, un clash historique que n’aurait même pas osé exploité la Besson compagnie Europa Corp dans l’une de ses productions pop-corn du dimanche. C’est pourtant bien à elles qu’on pense, d’autant plus que Jean Reno (Jacques Blanc), à fond dans le trip « bientôt la fin du monde », apparaît ici en guest star synthétisée. Pas mal vu : il y aussi du Clavier / Poiré dans Onimusha 3, (Les Visiteurs). Jean Reno nous refait en effet le coup du voyage dans les couloirs du temps en jouant le double de Samanosuke pour débarquer au Japon 500 ans en arrière, en pleine ère Sengoku. Parce qu’il faut bien jouer sur les deux tableaux pour neutraliser le mal et l’éradiquer aussi à sa source.

Tout le jeu repose donc sur des allers-retours réguliers entre les deux ères, nos deux protagonistes devant à tour de rôle agir chacun dans leur temps pour permettre à l’autre de progresser et de résoudre les énigmes (plus tard, on incarnera aussi Michelle, l’ami de Jacques, au Zoo de Boulogne… grossière erreur, à moins qu’il s’agisse d’une belle prédiction rapport au triste sort du Zoo de Vincennes). C’est Ako, la petite fée mix de Clochette et des fées jumelles de Gozilla vs Mothra, qui, en exploitant cette faille spatio-temporelle, fait le lien entre les deux époques, permettant à Reno et Samanosuke de communiquer et de s’échanger des items. Et accessoirement au premier d’avoir des nouvelles de son rejeton, inévitable doses de réel larmoyant sans doute là pour minimiser une atmosphère jugé trop lugubre et malfaisante par les testeurs maison.

Il faut donc reconnaître à Capcom une certaine maestria dans le fait de réaliser un beat’em-all super valable à partir d’un scénario aussi navrant. A tel point qu’on y prend goût, malgré le manque de nervosité des combats, quelques angles caméra à l’ouest et un bestiaire un peu limité. L’aventure progresse vite, ça s’emballe et tout s’imbrique avec une belle cohérence. Drôle de trilogie en vérité : au fil des opus, alors que la série a connu une indéniable descente aux enfer du nanar vidéoludique, Onimusha est devenu dans le même temps de plus en plus captivant en terme de gameplay. Sans doute la preuve, une fois de plus, que le jeu vidéo et le cinéma, contrairement à l’idée reçue, n’ont pas grand chose en commun. Mais qu’en pense Jean Reno ?