Murder Death Kill… Le menu est simple mais copieux ! On pourrait le rapprocher d’un titre comme Jet force gemini de Rare sur N64. Un mélange habile entre différents genres habituellement séparés par des frontières rendues évidentes, que peu essayent de franchir. Difficulté supplémentaire : saupoudrer dans les bonnes proportions des éléments de jeu bien familiers, un peu de shoot, un peu de plate-forme, pour ne pas brutaliser ce pôv’ joueur qu’on imagine heureux en plein conservatisme. A tort, bien entendu.

MDK 2 vous propose d’incarner des personnages tellement à l’opposé l’un de l’autre que le jeu ne cesse de prendre différentes tournures. Kurt Hectic serait le héros parfait, moulé dans sa combi gogo gadgets, s’il n’était pas sérieusement handicapé par une maladresse légendaire (il faut le voir tomber malencontreusement du vaisseau pour se jeter dans la gueule vorace de l’ennemi), entre autres. Max, lui, est le chien qui valait trois centimes, invention « réussie » du Dr « bricolo » Hawkins, dont les seuls plaisirs consistent à massacrer joyeusement ceux qui se pointent dans sa ligne de mire et de fumer fièrement son cigare. Reste le Dr Hawkins, tête mal pensante de la résistance à l’invasion venue d’outre-espace. Trois « pieds niqués », unis malgré eux dans une aventure qui les dépasse. Toute la difficulté du jeu pour le joueur consiste justement à ne pas se laisser dépasser par les événements. Et la tâche qui l’attend n’est pas mince ! L’époque des jeux couillus au point de vous faire perdre la tête paraissait révolue, mais MDK 2 la réanime de la plus belle manière.
On commence par prendre les commandes d’un Kurt passé sous les ciseaux d’un Jean-Claude Jitrois, sensuellement moulé dans sa cuirasse techno. Sa mission : infiltrer l’armée ennemie, sachant que l’unique possibilité pour s’en approcher consiste à se faire larguer dans le vide. Et là, surprise (pour ceux qui n’avaient pas jouer au premier) : une petite scène intermédiaire sert d’apéro pour se chauffer les pouces en évitant les tirs de DCA. Une bonne idée pour tempérer l’angoisse qui saisit le joueur avant de retourner dans cet enfer… En tout, quatre intermèdes sont chargés de nous changer les idées. Ici, dans le genre loufoque, on se surprend même à jouer le rôle d’un poisson-espion…

L’autre grande réussite est le mélange des genres. On l’a dit, chaque personnage est à l’opposé des autres et à chaque nouveau niveau, on a quasiment l’impression d’entamer une nouvelle aventure… Kurt fait tourner la sauce MDK 2 au doom-like (avec une vue sniper), Max est le tenant du shoot’ pur et dur, quant au professeur Tournesol (Dr Hawkins), il serait plutôt du genre à faire marcher ses neurones, quitte à ce que ce soit un peu de travers. Avec lui, le délire atteint son apogée. Sans armes il s’agit, à partir de bouts de ficelle, de bricoler un toaster atomique, une arme soi-disant apocalyptique (les tranches de pain rebondissent partout).
A moins d’être un acharné, bien peu nombreux sont les joueurs qui achèveront MDK 2. Notez bien que le jeu de Bioware est parfait pour passer de l’étape de « joueur occasionnellement moyen » à celui de « dieu du pad » ! Dommage que l’on n’ait pas vraiment le temps de contempler le design des niveaux, cet environnement globalement magnifique qui hésite constamment entre SF flamboyante et loufoquerie premier degré. Le chien équipé de ses quatre bras (un flingue dans chaque main : imaginez la bouillie !), le cigare aux lèvres, est un monument de comique quand, lors d’un saut, ses oreilles se mettent à virevolter ! Bref, de l’humour -pas toujours très délicat- à foison et des hommages à une contre-culture sauvage (comics, série Z…), MDK 2 est sans aucun doute le meilleur titre du genre sur Dreamcast, voire sur toutes consoles confondues…