Les perfectionnistes Tchèques d’Illusion Softworks (Hidden & dangerous, dont on attend l’opus 2 pour la fin de l’année) ont enfin jugé leur dernier monstre vidéoludique assez présentable pour le lâcher en public. Voilà la bête donc et le moins que l’on puisse dire, c’est que Mafia compte de sérieux atouts pour s’imposer, notamment chez les amateurs de GTA 3 dont le soft d’Illusion Softworks s’inspire allègrement.

Nous voici à Lost Heaven, un mix de New York et de Chicago, sorte de Liberty-City des années 30. C’est le fief de la mafia dont deux clans se partagent le contrôle de la ville. Depuis qu’ils sont installés aux States, Morello et Salieri se font les pires crasses du monde et si l’un pouvait faire un troisième oeil à l’autre, ce serait pas plus mal. Là dessus débarque Tommy Angelo, gentil chauffeur de taxi qui, suite à une série de circonstances malheureuses, se retrouve dans l’obligation de rejoindre la mafia, en l’occurrence Don Salieri. La suite, notre homme la raconte en flash-back à un flic local et c’est à travers toutes ces saynètes que vous incarnez Tommy pour mener successivement toutes les missions, de sa première rencontre avec la mafia jusqu’à sa décision de raccrocher. Concrètement, Mafia propose à l’instar de GTA 3 deux modes de jeu (en voiture ou à pied) en vue à la troisième personne. Programme : courses-poursuites, contrebande, sommations, règlements de compte, assassinats, cambriolages, etc. Au total, une vingtaine de missions d’un intérêt assez inégal mais dont appréciera l’étonnante variété. Au départ, on parcourt la ville d’un bout à l’autre avec un certain plaisir, celui du touriste virtuel en ballade dans une cité inconnue. Lost Heaven a de quoi occuper le badaud, qu’il s’agisse d’arpenter la ville en voiture (seul moyen d’aller respirer l’air pur de la campagne environnante), à pied, en train ou en tramway. Pas mal, mais pour la visite on préconisera toutefois le mode « libre circulation » car il s’agit tout de même dans le jeu de respecter des itinéraires et de se rendre sagement aux endroits biffées sur la carte, rapport aux briefs de Salieri et de ses sous-fifres. La linéarité du jeu, c’est ce qui distingue franchement le soft d’Illusion Softworks de GTA 3… Lorsqu’on a déjà empruntée une bonne dizaine de fois les mêmes grands axes et les trois ponts de la ville, la lassitude pointe, d’autant plus que le contrôle des véhicules, contrairement à GTA 3 encore, n’est pas le point fort de Mafia. Et puis les berlines, coupés, pickups et autres cabriolets des 30’s -plus de 60 véhicules, dont on dégottera les plus fameux spécimens en allant rendre visite à Lucas Bertone- c’est total frime/sympa, mais ça se traîne méchamment. En prime, on a souvent affaire à la police si l’on s’autorise les plus de 40 miles/heure ou, plus crétin, si l’on grille un feu (d’ailleurs, il vaut mieux parfois se faire un ou deux flics trop collants plutôt que de reprendre la mission à zéro après arrestation).

Hélas, la plupart des missions impose un long parcours en voiture et si l’on ajoute à cela quelques cinématiques (graphiquement exceptionnelles tout de même) un tantinet longuettes et pas toujours nécessaires pour la bonne compréhension des objectifs, il faut faire preuve de patience pour accéder aux véritables scènes d’actions du jeu, à pied. Ici -c’est son côté Max Payne en costard-cravate, autre évidente inspiration-, Mafia révèle toute son intérêt et sait y faire pour mettre le gamer à l’aise avec, en plus de l’inévitable batte de base-ball, toute une gamme de pétoires italo-américaines de circonstance, du Magnum au fusil à canon scié sicilien traditionnel, en passant par le mythique pistolet mitrailleur Thompson. Vincenzo, responsable de l’arsenal de la famille Salieri, vous refourgue les armes adéquates pour chaque type de mission, sachant qu’on prend véritablement son pied dans Mafia dès lors que les choses tournent mal et que la partie vire au carnage. Comme dans cette mission ou il s’agit de dézinguer en public le patron d’un bordel, puis l’ensemble du personnel de la maison et, par la suite, les flics naturellement alertés lorsque vous aurez fait en plus sauter le bureau de la victime…

Notons pour finir que Mafia bénéficie d’une réalisation irréprochable, autant graphique que sonore, pour une atmosphère qui n’est parfois pas sans rappeler les oeuvres de Scorsese (Les Affranchis) / Coppola (Le Parrain) en la matière. Avis aux amateurs.