On s’est parfois tellement laissé berner par la hype qu’on serait presque tenté de vouloir débusquer la petite perle rare derrière le moindre jeu sous-médiatisé. Malheureusement, ça ne marche pas à tous les coups. La preuve avec Kya : Dark lineage, le jeu de plates-formes d’Eden Games que personne n’attendait au tournant, pauvre petite chose perdue au beau milieu d’une actualité de fin d’année traditionnellement bien chargée. Dès les premiers screenshots, on pressentait le clone un peu trop criard de Rayman, sans véritable personnalité. Un jeu passe-partout comme il en sort des dizaines, tout juste bon à égayer un line-up estival, mais surtout pas à se frotter à l’artillerie lourde hivernale. Pourtant, en dehors de son intrigue clichetonneuse et de son chara-design douteux, Kya : Dark lineage ne manque pas d’atouts. Partant d’un postulat de base archi-classique -le jeu de plates-formes centralisé par un hub-, Kya se délite progressivement sous forme de jeu de glisse, d’infiltration, de beat’em-all et de… simulation de chute libre.

A force de se disperser dans un concept multi-genres inévitablement inégal, Kya délaisse un peu trop ses origines plates-formesques qui souffrent de carences gênantes au niveau de la maniabilité et de la gestion caméra. Du coup, on se retrouve face au dilemme critique habituel : que dire d’un jeu qui ne dégage pas grand chose d’ahurissant mais qui fait preuve du minimal syndical de savoir-faire ? On ne peut pas mentir et prétendre qu’on s’est ennuyé ferme ou qu’on est irrémédiablement allergique au gameplay. On ne peut pas cracher sur la technique, plutôt solide, même si elle sert une esthétique boiteuse. Mais voilà, entre un Jak II victime des dommages collatéraux de la recherche compulsive de la maturité, et un Ratchet & Clank 2 solide sur ses bases mais pas franchement audacieux, Kya : Dark lineage aura sans doute beaucoup de mal à se trouver sa place. Quitte à prendre plus de temps, à demander plus de moyens, Eden Games aurait peut-être dû faire le pari de la contre-programmation, au lieu de bouffer à tous les râteliers et de régurgiter les idées des autres avec plus ou moins de bonheur et de talent.