Les déclinaisons vidéoludiques estampillées Star wars s’enchaînent à l’heure de la sortie de l’épisode II (le 17 mai 2002). A l’instar de n’importe quelle série à succès exploitée jusqu’à la moelle sur nos machines, les perles se font rares. Et ce n’est pas cette dernière lucaserie en date qui changera la donne, bien que Jedi knight, premier du nom et, en son temps, Dark forces, épisode 1 de cette trilogie, avaient objectivement relevés le niveau du genre FPS. Soyons clairs immédiatement : l’originalité de ce Jedi knight II se résume à des combats au sabre laser et à l’utilisation, Jedi oblige, des pouvoirs de la force. La persuasion pour forcer vos adversaires à agir contre leur volonté ; la vitesse pour accroître votre réactivité dans les épreuves de rapidité ou dans les phases de combat ; la poigne pour élever et étrangler vos ennemis à distance… Mais aussi la télékinésie (« avant » et « arrière ») pour déplacer par la pensée des objets ou des éléments du décors. Une aubaine pour LucasArts qu’on sait particulièrement friand de casse-tête et de chasses aux interrupteurs, Jedi knight II n’étant ni plus ni moins qu’une succession d’énigmes plus ou moins alambiquées dont l’intérêt réside finalement dans l’utilisation des caractéristiques Jedi susmentionnées.

Or, problème, toutes ces joyeusetés ne nous sont offertes qu’après quelques heures de shooterie de bas étage. Car Kyle Katarn, le rebelle que vous incarnez, a abandonné son statut de Jedi depuis qu’il a vengé la mort de son père, devenant ainsi un simple mercenaire en quête de rédemption, jusqu’à ce que la situation se corse et que le retour à la force s’avère inéluctable pour contrer un nouvel adepte de la force obscure. En attendant la rencontre avec Skywalker à l’académie des Jedi, où l’on passera une série d’épreuves avant de retrouver son « sabrolaser » (un tutorial en milieu de partie en quelque sorte !), on frise l’ennui profond avec pour seul arme un blaster bas de gamme incroyable d’imprécision et pour seuls ennemis à abattre ces foutus stormtroopers au Q.I.A. (quotient intellectuel artificiel) de lemmings. Fâcheuse lacune qui vaut hélas pour l’intégralité des adversaires, humains ou droïdes, rencontrés dans cet opus.

Lorsque Jedi knight II daigne enfin montrer ce qu’il a dans le ventre et que « la force est avec toi, gamer ! », le jeu prend alors une nouvelle tournure. D’abord, on n’y croyait plus, l’arsenal des armes s’élargit : que du classique pour ne pas dire de l’ultra rabâché. Seul le sabrolaser donc -par ailleurs excellent bouclier contre les salves ennemis- nous sort véritablement de la routine avec, en prime, une vue à la troisième personne (ce qui n’est pas sans poser, comme souvent dans ce cas-là, quelques difficultés par rapport aux angles caméra…). Pas franchement aisé d’utilisation au premier abord, l’engin s’apprivoise au fil de la progression dans le jeu et gagne en puissance, jusqu’à vous autoriser des attaques spéciales via des combinaisons de touches : coup rapide vers l’arrière, manoeuvre dilatoire associée à un mouvement d’attaque puissant de haut en bas, etc.

Au niveau de la réalisation, LucasArts a confié le projet à Raven Software (Star trek voyager : Elite force), qui banalement s’en remet au moteur Quake 3, quasi standard à l’heure actuelle. Le jeu ne brille certes pas par la variété de son design et de ses intérieurs aux architectures prismatiques, mais les fans de Star wars, qui ne manqueront pas de se rassembler en mode multijoueur (sept pouvoirs de la force supplémentaires), apprécieront sans doute de s’immerger dans un univers plutôt fidèlement retranscrit (décors, musique et persos de la saga). Bref, Jedi knight II, c’est gentil, c’est jouable, on achèvera les 25 niveaux sans trop rechigner, mais pas de quoi épiloguer non plus sur cette énième shooterie PC sans âme.