RPG « light » associé à du « monster farming » à la Pokemon, Jade cocoon parvenait plus ou moins à fonctionner sur le mode mineur grâce à son univers made in Ghibli et l’indiscutable intérêt de son système d’élevage de créatures particulièrement laides mais fascinantes à bidouiller, fusionner et lancer dans l’arène de combats. On pouvait espérer que, pour son sequel sur 128bits, le jeu de Genki enrichisse son concept de base, s’ouvre sur une intrigue plus vaste, plus variée, plus épique. Pas de bol, c’est l’exact contraire qui se produit : le titre s’est définitivement radicalisé, lorgnant encore plus vers le « dungeon-RPG » -succession de donjons répétitifs n’ayant pour autres buts que celui de faire évoluer les caractéristiques de vos avatars- et l’élevage de streumons. Surprise, Jade cocoon 2 n’est, pour autant, pas si mauvais qu’il peut en avoir l’air. Il baigne toujours dans cette atmosphère chère à Miyazaki -logique, le chara-designer, Katsuya Kondô est directement importé des studios Ghibli-, plongeant des personnages lookés Mononoke-style dans des décors arbo-déliquescents à la Nausicaä. Une caution artistique irréprochable malgré l’assommante répétitivité visuelle des donjons, des bubons couleur chiasse à perte de vue.

Pour peu qu’on accroche au genre, l’abrutissante « corvée de donjon » ne se réduit dès lors plus qu’à une simple formalité qui permettra aux plus persévérants de jouer les docteur Moreau des familles. Heureusement le système de combat est plutôt bien pensé. Contrairement à son prédécesseur Levant, le jeune chasseur de créatures Kahu ne bouge pas le moindre petit doigt pendant les affrontements. A part balancer quelques items et choisir quelle bestiole il devra placer en première ligne… Basées une fois de plus sur les forces élémentaires -feu, vent, eau, terre, classique de chez classique-, les attaques bien spécifiques de chaque monstre permettent d’élaborer des stratégies relativement poussées d’autant que les affrontements ne sont pas toujours évidents. On se surprend à ne plus pouvoir décoller de ce système binaire élevage-bataille, à la fois affligés par l’inanité du gameplay et le vide scénaristique, et curieux de voir nos bébêtes muter en monstres surpuissants et féroces. Pour peu que la vision de Pikachu vous mette en transe et que vous conserviez une certaine nostalgie pour les Chaos de Sonic adventure 1 & 2, Jade cocoon 2 risque bien de vous river face à l’écran dans une incontrôlable frénésie proto-paternaliste. On regrettera juste que les concepteurs n’aient pas voulu mettre la barre plus haut. Avec un peu plus de « chair », Jade cocoon 2 aurait pu atteindre des sommets.