Pour le contexte et les scenarii, les géniteurs de Tomb raider s’étaient largement inspirés d’Indiana Jones, jusqu’à faire de Lara Croft l’exact pendant féminin d’Indy. C’est donc de bonne guerre, aujourd’hui, si LucasArts pompe joyeusement -mais pas sérieusement- le concept des TB. Car si le prof d’archéologie au cul bordé de nouilles comme c’est pas permis a fini depuis longtemps maintenant de se donner en spectacle dans les salles obscures, ses aventures abracadabrantes continuent de plus belle sur micro.
La Seconde Guerre mondiale s’est enfin achevée (Indy n’en finissait plus d’avoir affaire aux nazis, souvenez-vous). Le rideau de fer divise les blocs Est-Ouest et instaure la guerre froide. Les agents communistes de l’Union soviétique passent la planète au peigne fin dans l’espoir de dénicher une arme capable de faire définitivement pencher l’équilibre des forces en leur faveur. Ca dure… jusqu’à ce qu’un scientifique russe, Gennadi Volodnikov, bassine les troupes soviétiques regroupées près des ruines de Babylone avec sa théorie à la mords-moi le nœud : la légendaire tour de Babel édifiée 2 600 ans plus tôt par le roi Nabuchodonosor servait non pas uniquement à symboliser l’orgueil des hommes à atteindre les cieux, mais aussi, et surtout, à abriter un puissant mécanisme conçu par le dieu ailé Marduk. Et qu’est-ce donc que ce mystérieux mécanisme ? Selon Volodnikov, rien de moins qu’une machine destinée à franchir les limites de l’espace-temps ! A la fois furax et effrayés par le fracas de la machine (infernale donc) de Marduk, les Babyloniens avaient en leur temps renversé la tour. Mais des disciples du dieu auraient pris soin, dit-on, d’emporter les pièces phares de la machine et de les disperser en lieux sûrs sur la surface du globe. Fêlé le scientifique ? Du tout. Docteur Jones, envoyé sur place pour enquêter, apprend même très vite l’emplacement exact d’une première pièce, au Kazakhstan, près de la frontière russe, aïe ! Reste à la récupérer et à retrouver les trois autres avant que les Soviets ne mettent la main dessus pour relancer le mécanisme… Voilà, gentille histoire pour un banal jeu d’aventure-action en vue à la troisième personne.

Beau travail graphique (décors variés, très soignés) et sonore (notez qu’on retrouve bien la voix française de Harrison Ford), mais l’essentiel du jeu consiste à répéter inlassablement les mêmes actions : déclencher d’élémentaires mécanismes, récupérer sans arrêt les habituels objets vitaux (kits de soins, sérum antivenin, armes, munitions, etc.), divers ustensiles et autres pièces de puzzle. Ainsi que faire feu sur les gardes russes, franchement peu nombreux et carrément stupides, et les bestioles rencontrées. Une impression de répétition essentiellement due au faible niveau de difficulté du jeu dont on attendait une durée de vie tout de même plus consistante. Rarement Indy se trouve en mauvaise posture. D’autant plus qu’entre deux niveaux, vous avez la possibilité de faire quelques emplettes avec l’argent ramassé en cours de mission. Certes, ça part d’un bon sentiment -complètement le genre d’option qu’on aurait aimé trouver sur certains Tomb raider trop ardus- mais vu la facilité et la quantité de bonus déjà plantés dans le décor, était-ce bien nécessaire ?
Mais il y a plus ennuyeux. Les concepteurs ont clairement négligé l’ergonomie du jeu : impossible de se contenter du joypad, il faut se servir du clavier pour profiter de toutes les fonctionnalités du jeu. Indy court, saute, grimpe, rampe, nage, actionne, tire… Or non seulement les combinaisons de touches ne sont pas toujours idéales, mais qui plus est, celles-ci manquent sérieusement de répondant et docteur Jones de vivacité. Autre bizarrerie : alors qu’un ennemi posté en hauteur peut tout à fait vous atteindre, vous ne pouvez toucher que les adversaires qui vous font face, à l’horizontale.

Pour autant, Indiana Jones et la machine infernale n’est pas complètement sans intérêt. Au rang des bonnes surprises (rien de renversant attention), notons la possibilité de se mouvoir en jeep, en wagonnet et en canot gonflable (dans la rivière du Tian Shan, le rythme du jeu s’accélère… gaffe à la crevaison). Finissons par ce qui a largement concouru à faire la renommée de notre homme et, finalement, l’unique élément qui le distingue aujourd’hui de miss Croft : le fouet. En plus de calmer net vos agresseurs (un peu léger par rapport aux effets d’un fusil à pompe ou d’un Bazooka, c’est certain), il vous permet d’atteindre des endroits à première vue trop éloignés, en faisant parfois office de liane. C’est l’impasse, vous êtes bloqués ? Sortez le fouet !
Au final, contrairement à ce qu’affirmait LucasArts juste avant sa sortie, ce jeu ne marquera certainement pas l’histoire vidéoludique. Pour se faire, il aurait au moins fallu combiner l’atmosphère générale de cette Machine infernale avec la jouabilité du dernier TB. Et y ajouter quelques énigmes plus exaltantes. Pour sûr, ça viendra.