Quand Gordon Freeman se travestit en tunique bleue et s’en va-t-en guerre contre une tripotée d’aliens génétiquement modifiés, Gunman chronicles métamorphose le cultissime Half Life en une infâme pâtée à peine bonne à remplir les gosiers affamés de ces monstres d’opérette.

Impossible d’y couper, l’éternelle balade en wagonnet fait office d’ennuyeuse introduction à l’univers du titre. Un monde futuriste, des temps chaotiques, des méchants déguisés en insectes taille XXL, bref, le minimum vital nécessaire à une bonne partie de chasse. Forcément, ça laisse rêveur… et quand les concepteurs nous ressortent de leur chapeau magique le coup du complot, les giclées de paranoïa tombent légèrement à froid d’autant plus qu’au bout de dix minutes de jeu, on assiste impuissant à la révélation suprême assénée avec perte et fracas. Imaginez plutôt : un forcené drogué à la série des « Aliens » a décidé de tester sur vous le résultat de coups de bistouri un peu trop appuyés. Et de vous demander tout de go de lui offrir « une mort intéressante » face à des clones version Giger trop cheap pour vraiment y croire. Bref, l’envie de se laisser dévorer par ces monstres est égal à un instinct de survie proche du zéro absolu tant la perspective de dégommer une fois de plus de la viande sur patte s’avère peu excitante.

La reprise absolue du moteur graphique d’Half Life en dit long sur les limites de Gunman chronicles. Loin des plaisirs de Heavy Metal Fakk ou de la précision d’un Projet IGI, les découpes grossières des polygones renvoient le joueur à ses expériences psychédéliques les plus déchirantes. Couleurs affreuses, décors à pleurer, et cinématiques du pauvre sont les maigres atouts d’un titre au gameplay daté tant la réalisation globale, sans être foncièrement mauvaise, déçoit par des choix beaucoup trop proches de l’original pour être réellement concluants. Les premières missions passées, l’impression d’évoluer dans un univers parallèle d’Half Life se fait trop sentir et gâche le plaisir éprouvé devant des innovations pourtant ingénieuses.

En dehors des massacres de masse habituels, Gunman a l’immense mérite d’introduire une gestion beaucoup plus fine de l’armement. Plusieurs modes viennent enrichir les classiques couteau de chasse, fusil à pompe ou lance-grenades : il est maintenant possible de jouer pour chaque arme sur des caractéristiques aussi diverses que le temps de fragmentation, la puissance du laser ou la trajectoire des grenades. Malheureusement, cette nouveauté est peu mise en valeur dans un scénario linéaire à en mourir. Quatre mondes en tout et pour tout, le quaker confirmé aura l’amère surprise de finir le jeu en un temps record. A réserver donc au mode réseau.

Sans en avoir les moyens, Gunman chronicles tente de récréer la complexité de son paternel, tombant dans une citation plate et fidèle. De quoi tout juste passer une heure ou deux à admirer la virtuosité des concepteurs. Ni plus, ni moins.