Franchement, nous faire le coup de la simulation version 1967 pour se faire remarquer, est-ce bien raisonnable ? C’eut été sans aucun doute purement ostentatoire si l’équipe de Papyrus ne nous avait pondu un quasi-chef-d’oeuvre. Car qu’on se le dise : ce qui semblait s’annoncer comme un pitoyable prétexte de distinction constitue ni plus ni moins la principale qualité de Grand Prix Legends.
Ca ne nous rajeunit pas, mais à l’époque, les pilotes, payés une misère soit dit en passant, risquaient leur vie en permanence, même sur la plus ridicule des chicanes. Pensez donc : les recherches techniques portaient presque exclusivement sur la puissance des moteurs. Au détriment de la sécurité des pilotes et de la tenue de route de ces engins de la mort. Aujourd’hui, vous avez l’occasion de vous essayer sur ces bolides dépourvus d’aérodynamique et vous n’avez pas fini d’enfoncer des carrosseries, de brûler des moteurs et de marquer grave l’asphalte (testez la course en contre-sens, franche poilade assurée).
Le fait que nous soyons ici en 67 – Mario Andretti, Anthony-Joseph Foyt, Dan Gurney, ça vous parle ? – implique une conduite totalement inhabituelle. Généralement, vous dirigez votre bolide à l’aide du volant et vous contrôlez les vitesses avec le frein et l’accélérateur. Ici, c’est tout bonnement inconcevable ; tout est affaire de poids sur le train avant ou arrière. Explications : lorsque vous freinez, vous occasionnez un déplacement de poids sur l’avant et le véhicule aura tendance à virer. A l’inverse, lorsque vous accélérez, c’est l’arrière qui trinque et vous filez droit. Ainsi, aussi paradoxale que cela puisse paraître, il vaudra mieux accélérer dans les virages pour ne pas finir en tête à queue. Sûr qu’il faudra revenir maintes fois au stand avant de faire un premier tour de piste, disons, à peu près correct.
Si le mode « novice » n’oblige pas le joueur à se pencher sur la mécanique, il en va tout autrement dans les niveaux supérieurs, comme en championnat. Sachez que vos résultats dépendront en grande partie des réglages effectués. Les concepteurs n’ayant pas lésiné sur les détails – on peut effectivement revoir l’angle de braquage, la pression des pneus, la raideur à la roue, la compression, la détente, la hauteur de caisse… -, il faut vous faudra un minimum de connaissances en la matière pour espérer en tirer parti. Seul défaut du jeu finalement, mais l’on rentre ici dans le domaine du détail infime et insignifiant, la représentation des spectateurs, posés là comme d’affreuses pancartes, est franchement pitoyable.
Bref, Grand Prix Legends est une réussite incontestable, jusque dans son mode replay. Et originale, puisque la victoire dépendra, non pas des fioritures techniques – ni des sommes d’argent investies : à ce propos, Monaco, Monza et autres Silverstone sans les sponsors et les slogans / décors publicitaires, c’est une autre planète -, mais de votre seul talent de pilote.