Produit du tout nouveau studio de développement In Utero, Evil twin se présente dans le catalogue d’Ubi Soft comme le pendant mature et sombre de Rayman. Des relents de superproduction, un héros attachant et un univers sombre, mis en exergue grâce à une débauche de graphismes hors-normes, suffisent-ils pour renouveler le jeu de plate-formes ?

Le plus souvent, le scénario de ce type de jeu se résume en une phrase : « Moi le gentil je pars sauver mes amis enlevés par le très méchant » ou encore « Moi le héros je me dois de sauver le royaume et accessoirement la princesse ». Pas cette fois-ci. Les développeurs d’In Utero se sont quelque peu creusés les méninges et se sont fendus d’un véritable scénario qui fera vibrer la corde sensible qui sommeille au fond de tous les joueurs. A vous donc d’incarner Cyprien, un jeune orphelin de 10 ans qui a la particularité de fêter son anniversaire en même temps que celui de la mort de ses parents. De quoi le faire grandir prématurément. Et accessoirement le dégoûter à jamais des anniversaires. C’est d’ailleurs pourquoi notre Poil de Carottes moderne et numérique déclare tout de go le monde de l’enfance terminé. Mais n’est pas adulte qui veut ! Cyprien se retrouve illico transporté dans un monde étrange et allégorique : la manifestation de ses propres rêves et cauchemars.

Le monde des rêves, on le connaît justement très bien sur micro : Cryo nous en avait donné une version intéressante avec Dreams. Electronic Arts aussi avait proposé sa vision avec le remarquable American Mc Gee’s Alice. Les illustrateurs et graphistes d’In Utero nous proposent une toute autre mouture pas si éloignée du monde de H.G. Giger… Ils s’en sont donnés à coeur joie et nous peignent tout en 3D, à grand renfort d’effets de lumière et de nuages, un monde qui tiendrait de L’Etrange Noël de monsieur Jack et de Alice au pays des merveilles. S’arrêter pour regarder la variété des décors et des personnages que l’on est amené à rencontrer est d’ailleurs un véritable émerveillement. Pas de doute, on veut en découvrir plus. L’envie de prendre en main le destin de ce Gavroche démangera n’importe qui. Surtout que les dizaines de scènes cinématiques qui ponctuent le jeu nous incitent à progresser : elles fournissent à chaque fois quelques éléments du scénario qui permettent de mieux comprendre la personnalité de Cyprien et la raison exacte de sa présence dans ce monde pas si drôle. Autre élément sympathique : le côté super-héros de Cyprien qui, lorsqu’un nombre suffisant de bonus sera récolté, fera son apparition et annihilera tous ses adversaires.

Il faut bien ça pour venir à bout des huit îles du monde de Tsoull’i, décomposées en 76 niveaux… car la prise en main ardue et la piètre gestion de la caméra brise le rêve-cauchemar. Et nous rappelle cruellement que nous sommes devant un jeu vidéo. Uniquement. Comme beaucoup de titres, et malgré tous ses retards, ce dernier n’est pas exempt de défauts. Certes on s’habitue -tout en restant quelque peu énervé- à chaque fois qu’un saut est loupé à cause de cette fichue caméra. Certes, la densité de l’univers arrive à envahir le joueur. Mais elle était à deux doigts de faire bien plus. Nous rappeler le monstre tapi la nuit sous le lit ; celui qui sommeille toujours dans le placard de notre enfance.