Luc Besson en a rêvé, Sega l’a fait… Un simulateur de dauphin ! Le genre de concept qu’on ne croise pas tous les jours, même si le sémillant clone de Flipper écumait déjà les abîmes de la Mégadrive il y a plus de 10 ans. Sur le fond, rien n’a tellement changé d’ailleurs. Un gameplay réminiscent, à base de missions successives, rien de bien neuf. Qu’importe : à côté des hordes de zombies mous du bulbe et des adversaires hi-tech habituels, la faune sous-marine d’Ecco amène un peu de fraîcheur dans un monde de brutes pré-calibrées.

Et puis, autant le dire tout de suite : c’est d’une rare beauté… Dreamcast oblige, Ecco est passé au stade 3D d’une manière ultra-spectaculaire. Les décors sont paradisiaques à souhait. Les différentes bestioles, de notre ami le dauphin étoilé, aux redoutables requins, en passant par les gentilles baleines et les ondoyantes méduses, sont d’un réalisme hallucinant. Sans parler de la bande-son qui reproduit à merveille les borborygmes de tous ces sympathiques fruits de mer. Franchement on s’y croirait, on voudrait presque passer des heures à s’y promener, juste en touriste, pour le régal des mirettes.
Evidemment, ce n’est pas possible. Parce que malgré son côté zen et mimi, Ecco n’est pas un jeu éducatif pour les 10-12 ans, loin s’en faut. C’est un cocktail réussi d’action-aventure-réflexion qui va vous donner du fil à retordre, et ce, dès le second niveau. Ecco doit sauver le monde d’aliens destructeurs -oui, c’est le scénario, pas très brillant il faut l’admettre- et trouver la mythique cité d’Atlantis. Pour ça, il devra trouver la sortie des niveaux qu’il convient de traverser pour aller au suivant, etc. Sur le papier, ça a l’air simple… Erreur ! Pour franchir un niveau, Ecco doit récolter plusieurs items, souvent très bien cachés, terrasser des boss gigantesques, le tout en faisant travailler sa matière grise plutôt que ses biceps. En clair : résoudre une succession d’énigmes bien tordues, tout en affrontant des compagnons de route souvent vindicatifs. Au fur et à mesure de sa progression, le dauphin se voit attribuer de nouveaux pouvoirs, et surtout de nouvelles façons d’utiliser son sonar grâce auquel il peut communiquer et se faire de nouveaux alliés.

Là où ça se corse, c’est que chaque niveau n’est absolument pas linéaire. Ecco est plongé dans sa grande baignoire d’eau salée avec un minimum d’indications, sans trop savoir quoi faire, ce qui l’amène quelquefois à tourner en rond, un peu désemparé, au bord de l’ennui. C’est un des rares reproches qu’on puisse faire au jeu puisqu’on reste au bout du compte souvent perplexe devant la tâche à accomplir. A noter qu’il vous faudra une grande maîtrise du pad pour exécuter la mission. Essayez donc de ruser le grand requin blanc et vous comprendrez de quoi je parle.
En plaçant la barre aussi haut, Appaloosa se coupe d’une certaine partie du public, déjà pas forcément conquis par le concept assez particulier du jeu. Ecco ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, car il est sans doute un peu trop souvent frustrant, voire énervant. Voilà ce que c’est que de vouloir imposer une liberté un peu trop déroutante ! Heureusement, la réalisation est là pour faire passer la pilule bien qu’elle ne puisse pas continuellement faire illusion. Reste qu’Ecco the dolphin propose un challenge suffisamment motivant pour attirer l’oeil du core-gamer. A ce jour, c’est probablement le jeu le plus époustouflant visuellement sur la DreamCast. On n’aurait donc tort de se priver de se prendre pour Flipper, affalé sur son canapé.

Attention aux vilains bugs : Outre quelques ralentissements pas bien méchants, on a tout de même relevé quelques défauts de collision qui bloquait Ecco dans son périple. Soit jusqu’à ce que mort s’ensuive (ce qui n’est pas trop grave puisqu’il y a sauvegarde automatique), soit jusqu’à blocage définitif du jeu. Plus ennuyeux (pas de sauvegarde dans ce cas-là).