Fracassant retour sur le devant de la scène vidéoludique de John Carmack qui coiffe ses adversaires prétendants au titre de meilleur FPS next-gen sur le poteau (Half life 2, Halo 2, Stalker…). Peut-être aussi s’agit-il de se faire pardonner un résultat en demi-teinte : si l’on s’en réfère aux premiers échos des joueurs, Doom 3 ne serait pas la shooterie ultime annoncée. Pas faux : bestiaire limité et redondant, décors trop uniformes et pas franchement interactif, grosses ficelles scénaristiques honteusement pompées sur Half life. Au delà de l’exploit technique et graphique, les nerds metaleux d’Id Software se contentent en effet d’un gameplay ultra académique.

Cela n’empêche pas la team US de mettre malgré tout une belle branlée à tous les studios de développement responsables des dernières resucées FPS sorties récemment. Il n’y a d’ailleurs que l’impressionnant FarCry qui puisse rivaliser avec ce monstre de plaisir vidéoludique instantané. FarCry, justement, l’anti-Doom 3 si l’on peut dire, son parfait négatif visuel. D’un côté des lagons bleus turquoise, un soleil de plomb, une végétation abondante, la possibilité de respirer à l’air libre, et, surtout, un « gameplay émergeant » -comme on dit maintenant- du fait des gigantesques zones extérieurs praticables en touriste ; de l’autre, des souterrains poisseux, une obscurité endémique, un décor machinique, l’impression permanente de suffoquer dans une galerie technoïde brinquebalante et une progression ultra linéaire dans des espaces confinés, comme pour annihiler toutes possibilités de pensées digressives. Comme pour marteler sans cesse au joueur sa condition exceptionnelle et éphémère de rescapés en territoire ennemi. De fait, l’humilité s’impose, jusque dans l’enjeu de Doom 3 qui pourrait presque se résumer ici dans le choix draconien de l’utilisation de la lampe torche ou du fusil à pompe. Objectif survie dans les deux cas : à mille lieue d’un Painkiller, pas question ici de faire son fiérot, il s’agit bel et bien de sauver son scaphandre et son PDA pour espérer voir, aux choix, de nouveaux comparses zombifiés ou les prochaines créatures fraîchement débarquées de l’enfer.

Un grand moment de pure flippe à vivre au présent dans cet underground martien méphistophélique à déconseiller aux cardiaques. Avec, toujours, en prime, cette volonté appréciable chez Id Software d’aller droit à l’essentiel (cinématiques au compte-gouttes, interface de jeu minimaliste, ergonomie au poil) pour privilégier l’action.