Le sens véritable d’un jeu peut parfois se cacher derrière une bonne blague, voire une anodine private joke. Il faut donc essayer d’avoir l’oeil attentif aux détails, aux dialogues pour comprendre la finalité d’un jeu, surtout lorsqu’il flirte avec le néant intersidéral comme Dead or alive Xtreme beach volleyball (DoAX, pour faire court). Ainsi, ce message de bienvenue moqueur, lancé par l’accorte Lisa qui accueille les combattantes hyper-poitrinées de la célèbre licence Dead or alive de Tecmo sur l’île de Zack, fighter mi-black, mi-teletubbie : « Tu ne pensais tout de même pas qu’on organiserait un tournoi dans un endroit pareil !? » C’est vrai, fallait-il qu’elles soient cruches nos nunuches de service pour croire un seul instant qu’on les avait invitées pour s’entre-tuer sur fond d’ambiance riviera. Mais soyons honnêtes, nous sommes autant naïfs qu’elles. Puisqu’on a cru, et ce, même après avoir jeté un regard semi-lubrique sur des screenshots manifestement plus axés bikinis que gameplay, qu’on aurait à faire à une simulation de beach volley un peu kinky. Or, toute la philosophie de DoAX tient dans cette phrase, métaphore-relax de la déclaration d’intention induite de Tomonobu Itagaki, concepteur des DoA et désormais néo-Larry Flint vidéoludique : « vous ne pensiez tout de même pas que vous joueriez à un vrai jeu ? ».

Effectivement, pas de but, pas de fin en soi, pas même de tournoi : DoAX est un non-jeu se déroulant sur deux semaines au cours desquelles vous allez diriger une des huit bombasses -sept ex-combattantes, plus la petite nouvelle Lisa- proposées par la Team Ninja. La plupart du temps vous jouerez au beach volley 2 contre 2 -oui, quand même-, ce qui n’aura pas d’autres implications que de vous faire gagner de l’argent ou de faire évoluer vos relations avec votre partenaire dirigée par l’ordinateur. C’est dynamique, intense, rapide et fun mais c’est aussi franchement basique. Plus proche d’un Pong avec des nichons que de Beach spikers : une touche pour attaquer, une autre pour réceptionner, gestion analogique de la force de pression sur les boutons, et c’est tout. On peut diriger ses tirs, mais dans un cadre bien restreint, impossible de faire un « out », par exemple, les joueuses visent automatiquement le centre du terrain. Etrangement, ça suffit amplement à notre bonheur. L’affaire est ailleurs, ou plutôt, elle n’est nulle part, et c’est ce qui fait tout le sel du jeu. Il n’y a pas d’autres intérêts ici que de collectionner des maillots de bain, avec l’argent gagné grâce aux matchs, à un jeu de saute-bouées particulièrement débile dans la piscine, ou au casino -manifestement tenu par la Mafia tellement il semble difficile d’y récolter une fortune. Des maillots, il faut en acheter, en faire cadeau, tenter de s’en faire offrir : c’est la sainte trinité de DoAX. Les matchs de volley deviennent alors rapidement accessoires, le véritable gameplay du jeu se rapprochant plus d’un dating-game à la japonaise, version light et proto-lesbienne, que d’une simulation sportive stricto-sensu.

Bien sûr, tout ça est un peu vain, voire trop léger… On aurait aimé plus : plus de lieux à visiter, une gestion plus complexe des relations, une interface plus immersive que cette enfilade de plans fixes. Mais on est peut-être trop gourmand : plus cul-cul que cul, DoAX n’est déjà pas le jeu myso-putassier que l’on pouvait imaginer. C’est un substitut de vacances pour salaryman lessivé, pour jeunes filles pressées de retrouver les mêmes sensations que celles éprouvées lorsqu’elles jouaient à la poupée Barbie. Un raccourci sidérant entre un univers hétéro-beauf / nouveau-riche, aussi bandant qu’un catalogue de la Redoute ouvert à la page lingerie, et un concept plutôt queer -suçotages de fraise entre lolitas, corruption gentillette des partenaires du même sexe pour se faire aimer, simulation de Barbie pour mâles en manque de chair fraîche. C’est un peu n’importe quoi mais c’est tout de même plus réjouissant qu’un énième survival ou jeu d’infiltration…