Devant une production ludique de plus en plus massive et sans saveur, seule l’étude ô combien merveilleuse de la vie et mort d’un jeu vidéo semble à même de fournir les sensations extrêmes nécessaires au bon fonctionnement du hardcore gamer moyen. La théorie de l’évolution en poche, Darwin pour seul mentor, le chercheur amateur peut se tourner, pour ses premiers pas dans la divine science, vers Dark Reign II, modèle d’école à plus d’un titre.

Génétiquement déficient, le premier opus n’avait pu éviter de tomber sous les coups d’une race de saigneurs aux dents longues. Relégué dans le tréfonds des poubelles virtuelles, ce vilain petit canard attendait avec impatience l’avènement d’une ère nouvelle. Par chance, le tout écologique advint et plutôt que de jeter à jamais ce pauvre petit code source, les concepteurs-recycleurs décidèrent de lui donner une seconde chance pour faire ses preuves. Une épuration génique plus tard, l’organisme se trouve complètement modifié et prêt à combattre les derniers dinosaures gladiateurs qui avaient jadis plongé son paternel dans un oubli presque total.

Evolution n’est cependant pas mutation. Que les choses soient claires : la grande force de Dark Reign II n’est pas d’innover. Sur les pas de ses illustres ancêtres, il esquisse à grands coups de clichés éculés un conflit politique plus que léger. Des temps lointains et une galaxie éloignée sont le décor d’un combat interstellaire soi-disant épique et fondateur. En réalité, le minimum syndical est de rigueur. Deux camps s’affrontent dans une guerre totale. D’un côté, un Etat centralisateur, avide de pouvoir et animé de pensées belliqueuses, cherche à unifier l’univers sous sa coupe ; en face, les Sprawlers, hommes épris de libertés, aidés pour l’occasion des autochtones environnants, combattent ce cancer généralisé et souhaitent une république indépendante. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil de Satan. Quel que soit le camp choisi, le gameplay se révèle identique. Chaque mission apporte ses objectifs précis censés créer une trame narrative, et son éternel lot de nouveautés techniques indispensables à l’impression d’une prétendue progression. Au hasard, un armement lourd, des troupes navales et aéroportées ou une arme encore plus destructrice à utiliser avec parcimonie. Les tâches offertes au joueur sont elles aussi tout aussi basiques et frisent l’indifférence et la répétition. Au contraire de Ground Control, la gestion des ressources réapparaît. Une fois de plus il est nécessaire de construire une multitude de structures, de gérer ses troupes, de les faire évoluer pour finalement les envoyer combattre l’ennemi tant abhorré dans une boucherie sanguinolente et grotesque. L’écoute des voix et des dialogues de vos hommes confirme l’impression de déjà-vu et fait de Dark Reign II un véritable pastiche de Starcraft.

Point positif, les diverses manipulations génétiques ont eu raison des grosses tares du premier opus. Une interface remaniée, plus légère, une gestion de l’intelligence artificielle réfléchie rendent la prise en main aisée et intuitive. Le moteur 3D bénéficie sans conteste des dernières évolutions techniques : les textures, les animations fluides des troupes et des combats se révèlent d’une grande beauté et témoignent d’une parfaite maîtrise. L’organisation des caméras est elle aussi enthousiasmante. Bien que limitée à quelques angles de vue, la fonction zoom introduit le joueur au centre de ses troupes et le fait participer d’une manière très cinématique aux combats acharnés contre l’ennemi. Quelques défauts subsistent : le mode « Jour et Nuit » n’apporte que très peu au gameplay tandis qu’une gestion parfois aléatoire du déplacement des troupes énerve rapidement lors de l’affrontement final.

Jeu classique par excellence, Dark Reign II est cette alternative qui, sans apporter d’innovations majeures, prodigue au joueur une occasion de continuer son entraînement journalier dans l’attente de la prochaine sortie du troisième opus des plus consistants Warcraft et Starcraft.