Quoi de mieux que de se farcir le test de la suite de la référence RPG absolue ? S’agit-il pour autant d’une partie de plaisir ? Ca se discute… Baldur’s gate 2, c’est quelque 300 heures de jeu si l’on prend en compte la quête principale et toutes les quêtes secondaires ! Soit un pur régal à l’écran, mais une véritable claque dans la vie de tous les jours : multiples frittages assurés avec son entourage, une vie sociale dégradée et une santé malmenée. Bilan des courses : une tranche de vie totalement barrée, entre moments de joie intense et retours tourmentés dans la vie réelle. Car qu’on se le dise, Shadows of Amn n’est pas moins addictif que son prédécesseur. Clins d’œil et séquences nostalgiques en prime pour les convertis de la première heure (120 000 âmes en France, 1,5 million dans le monde selon l’éditeur). Le jeu fait effectivement maintes fois référence à vos démêlés avec Sarevok, le causeur de troubles de l’épisode précédent. L’histoire débute en prison, lorsqu’un mago, propriétaire des lieux présume-t-on, expérimente sur vous ses dernières élucubrations incantatoires. Notre homme s’absente quelques instants durant lesquels Imoen réussit à vous libérer. L’occasion de délivrer Minsc et Jaheira, eux aussi emprisonnés à vos côtés. Sympa, on retrouve très vite les vieux compagnons. La suite ? Facile à deviner : il s’agit de déguerpir au plus vite avant que le fou furieux découvert dans la séquence d’intro ne vous remette la main dessus. Où sommes-nous, quelles sont les intentions du psychopathe de service, à quoi rime ce traquenard insensé ? Réponses à toutes ces questions dans le jeu, au fil de l’aventure… A l’inverse de Baldur’s gate, premier du nom, on entre ici brutalement dans le cœur de l’action, sous les terres des Royaumes oubliés. Prochaine excursion au grand air : la ville d’Athkatla, où il faudra récolter 20 000 pièces d’or pour retrouver Imoen enlevée par des magiciens dès les premiers instants de votre évasion. Ce qui implique déjà la résolution d’un certain nombre de sous-quêtes avant de poursuivre l’aventure. Comprendre, la quête principale.

Quoi de neuf dans BG 2 ? Pas grand-chose en vérité. Plus de sorts (300 au lieu de 130), de nouveaux PNJ, des créatures inédites et une foultitude d’objets (magiques ou non) à dénicher dans mille lieux tous plus déments les uns que les autres. Dixit le communiqué de presse. Alors oui, quelques améliorations ici et là bien sûr. La création de votre personnage est toujours aussi précise et cruciale. Encore une fois, ce sont les règles, antédiluviennes certes, mais encore aujourd’hui inégalées, d’AD&D deuxième version qu’on exploite fidèlement. Sauf qu’elles sont ici mixées avec celles de la troisième édition, puisqu’une nouvelle race (semi-orc) et des classes et sous-classes supplémentaires (barbare et sorcier notamment) viennent compléter le catalogue.

Surprise : les concepteurs ont pris le parti d’allouer dès le départ 89 000 points d’expérience au joueur, soit le nombre maximum d’XP récoltés dans BG 1 (2 950 000 dans ce Shadows of Amn). Comme pour nous rappeler qu’il s’agit bien d’une suite. De fait, la difficulté du jeu s’en ressent dès les premiers combats avec des adversaires forcément à la hauteur. Sûr que le fait d’entamer l’aventure dans ces conditions ne fera pas le bonheur de tous les gamers. Petite pensée aux nouveaux venus à qui l’on inflige par ailleurs ces fameux clins d’œil à l’opus précédent… Quant aux autres, à moins de récupérer l’équipe de winners qui a combattu Sarevok (tout à fait possible), il faudra accepter le fait de ne pas avoir vous-même élever dès ses premiers jours votre poulain. Dur.

Souvenez-vous que Bioware promettait, avant la réalisation de cette suite, de régler les ennuyeux problèmes de pathfinding constatés dans BG 1. Promesse en l’air, hélas, puisqu’il n’est pas rare de voir à nouveau vos personnages se bloquer entre eux le passage ou de les regarder s’engouffrer connement dans des impasses quand vous leur demandez de rejoindre un point de la carte en particulier. Cafouillage (et ralentissements) également à l’écran lors des phases combat lorsqu’il y a trop d’adversaires sur le champ de bataille.
Pas de changement notable s’agissant des combats en temps réel. Toujours pas de système au tour au tour, et c’est tant mieux. Rappelons que l’unique manière de bien négocier la rixe consiste à se servir du système de pause automatique. Dès que vous êtes attaqué, par exemple, l’écran se gèle vous laissant tout le temps nécessaire pour ordonner une action particulière à chacun de vos personnages. Pratique. Rien de neuf non plus au niveau de la gestion des sorts. Enfin, l’interface est identique, bien qu’on puisse dorénavant cacher et faire apparaître d’un clic de souris les menus, histoire de profiter du jeu en plein écran quand c’est envisageable. Mouais.
Finalement, c’est surtout dans le design et les ambiances sonores que les concepteurs ont mis le paquet. Les décors, extraordinairement fins et bien rendus (cf. les screenshots), comme les sorts et les effets climatiques (à noter que seuls les possesseurs de bonnes cartes vidéo profiteront de la 3D). La bande-son, exceptionnelle et grisante à souhait. Difficile de rester insensible à l’atmosphère générale du jeu.

Verdict : BG 2 n’est certainement pas à la hauteur de nos espérances, si l’on s’en tient à la révolution annoncée par l’équipe de Bioware et certains relais d’infos complaisants. Reste qu’on ne peut définitivement pas passer à côté de la suite du plus grand RPG micro de tous les temps. Indispensable évidemment.