A mi-chemin entre Metropolis street racer et Ferrari 355 challenge, l’adaptation en virtuel de l’une des courses les plus mythiques du sport automobile joue la dangereuse carte du mélange des genres. Entre arcade et simulation, 24 heures du Mans oscille dans un mouvement de balancier chaotique entre ces deux pôles, ne sachant pas à quel saint se vouer. Le pari était osé, le résultat est plutôt mitigé.

Loin du spartiate F355, 24 heures du Mans déploie devant le badaud pléthore de ressources à même de réjouir les plus récalcitrants. La licence ACO en poche (Automobile Club de l’Ouest), pas moins d’une cinquantaine de véhicules, de la Porsche bas de gamme au prototype tout droit atterri des cerveaux les plus irradiés, se lancent à la poursuite d’un rêve obscur et ténu : franchir la ligne d’arrivée d’une course qui aura duré une journée entière. Bien avant d’entrer en lice pour l’épreuve reine, quelques amuse-gueules autoroutiers sont nécessaires au déblocage des bolides les plus rapides et expérimentaux. Ce système, connu de tous, se départage entre un championnat et des courses contre la montre. Bien peu de circuits, hélas, au vu des nombreuses compétitions qui parsèment la saison. Effectivement, seulement trois tracés déclinés en différents modèles pour les mangeurs d’asphalte.

La prise en main est agréable, sans réelle surprise. La maîtrise des différents véhicules ne pose aucun problème et c’est avec une certaine bonhomie que les courses s’enchaînent. Les réglages du véhicule sont tout de même assez chiches : aucune gestion des dégâts, l’usure des pneus et l’éternelle jauge de carburant font figure de parents pauvres dans une compétition connue pourtant comme techniquement exigeante.

Le départ donné, l’intérêt majeur de 24 heures du Mans se révèle immédiatement. Malgré tous ses défauts, le jeu fait preuve d’une telle beauté froide et mécanique dans la réalisation graphique qu’il s’impose comme un véritable joyau. Sans aucune mesure avec les versions risibles sur PC ou PlayStation, le rendu des décors, des matières et des réactions d’un bolide en pleine course utilise au maximum les possibilités de la console de Sega, sans pour autant provoquer des ralentissements gênants. Déraper sous la pluie, freiner brutalement dans les virages, ou profiter du coucher de soleil, tout concourt à une immersion totale et instantanée.
Malheureusement, cette réussite esthétique constitue le seul réel atout du soft. Si les premiers pas provoquent un véritable plaisir de conduite, les longues minutes nécessaires au bouclage d’un tour finissent par lasser. La note s’alourdit sévèrement lorsque le système de sauvegarde contraint le joueur à achever plusieurs étapes et que l’épreuve reine, avec un tour à trois-quatre minutes et une option temps réel, finit par décourager définitivement. A réserver donc aux insomniaques chroniques qui auront loisir de remplacer les moutons par les ronronnements d’un moteur surchauffé.